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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Rétrospective 2022

Films, séries, musique… Le top 2022 de la rédaction de “Philomag”

publié le 20 décembre 2022 7 min

À l’approche du réveillon, c’est le moment de dresser le bilan des œuvres culturelles et artistiques sorties cette année qui nous ont le plus marqués. La rédaction de Philosophie magazine (presque !) au complet a tranché et fait son « top » subjectif. Et vous, que retiendrez-vous de 2022 ?

 

Samuel Lacroix

🎬 En corps, de Cédric Klapisch

Il est d’usage, chez certains faquins se piquant de cinéphilie, de systématiquement discréditer le cinéma français contemporain. Celui-ci serait balourd, plat, sans esprit. Je n’ai jamais compris un tel dénigrement et trouve au contraire régulièrement, çà et là, des films « sans prétention » parvenant à véhiculer avec justesse quantité d’émotions, entre rires et larmes, réflexion et divertissement. Le long-métrage En corps, de Cédric Klapisch, est de ceux-là. Ce film magnifique, qui conte l’histoire d’une danseuse prometteuse qui se blesse, m’a bouleversé. Aussi drôle que touchant, il a, semble-t-il, réussi à aborder avec brio la manière dont une vocation s’impose à la fois à la personne qui la porte, mais aussi à tous ceux qui l’entourent. Comme si cette vocation contenait en elle quelque chose qui devait, tôt ou tard, imposer le respect et la bienveillance, y compris aux plus rétifs. Scotchant.

 

Octave Larmagnac-Matheron

📚 Air de la solitude (1945, rééd. 2022 aux Éditions Zoé), de Gustave Roud

« Mais qu’est-ce qu’ici ? Et n’est-ce pas un peu notre faute si nous n’en faisons pas un perpétuel ailleurs ? », interroge Gustave Roud (1897-1976) dans l’un de ses plus vibrants recueils, Air de la solitude, réédité cette année (et également inclus dans des œuvres complètes à paraître). Air, solitude – deux mots qui, dans leur simplicité, disent peut-être l’essentiel du poète vaudois : esseulement d’un homme arpentant inlassablement les chemins du Haut-Jorat où il passa presque la totalité d’une existence vouée à la mélodie de la langue. Sa poésie est comme tendue vers « l’instant suprême où la communion avec le monde nous est donnée [en une] immense gerbe de messages, un concert sans cesse renouvelé de cris, de chants, de gestes, où tout être, toute chose est la fois signe et porteur de signe ». « L’homme sent crouler sa risible royauté intérieure et tremble et cède aux appels d’un ailleurs indubitable. » Contre la fuite en avant obsessionnelle de la modernité qui « [rend] ici toujours pareil à soi », Roud invite à prêter une attention nouvelle à la profondeur des lieux terrestres. « Je pose un pas toujours plus lent dans le sentier des signes qu’un seul froissement de feuilles effarouche. » Si nous savions habiter quelque part, « ce monde-ci […] deviendrait pour nous le Ciel ».

 

Martin Legros

💿 Naked Truth, du trompettiste Avishai Cohen

Pour tous ceux qui raffolent des dialogues que le jazz entretient avec la musique classique, depuis les Blues on Bach du Modern Jazz Quartet jusqu’au Bach Coltrane de Raphaël Imbert, la reprise par le trompettiste Avishai Cohen (à ne pas confondre avec son célèbre compatriote et homonyme contrebassiste) de la Sonate au Clair de Lune de Beethoven était déjà un must incontournable. Le musicien israélien, formé à Boston et fan de musique pop, réussissait à transformer les sombres accords pour piano du grand lamento romantique du compositeur allemand en une épure mélodique parsemée de fines touches électriques et arabisantes. Mais son dernier album Naked Truth achève de nous convaincre qu’Avishai Cohen et ses acolytes creusent un sillon important dans cette histoire par laquelle le jazz se réinvente au contact de son dehors. Composé de morceaux élaborés en temps réel au cours d’une seule séance d’enregistrement, l’album est une sorte de longue suite improvisée où les dialogues entre le piano de Yonathan Avishai et la trompette de Cohen en particulier semblent poursuivre une conversation interminable sur l’essence de la musique. Qu’est-ce que la cire « toute nue » ? se demandait Descartes dans sa deuxième Méditation métaphysique. Est-elle cette substance mielleuse qui contient encore, au sortir de la ruche, l’odeur des fleurs – ou est-ce ce liquide inodore que j’obtiens en l’exposant à la chaleur ? C’est une question avoisinante que semble poser l’album au travers de ces huit méditations musicales, toutes intitulées Naked Truth (« la vérité nue »). Y a-t-il une musique « toute nue » ? Ou une « vérité nue » de la musique ? Et est-elle dans le son qui sort de chaque instrument, dans le passage de l’un à l’autre, ou dans le silence qui se creuse autour de chaque note, de chaque accord, de chaque variation ? L’album ne conclut pas, évidemment, mais laisse pour finir la parole à la poétesse Zelda Schneerson Mishkovsky (1914-1984), dont Cohen récite le très beau poème Departure (« Départ »). L’ensemble est magnifique.

 

Clara Degiovanni

🎬 La web-série La Vie douce (C. Milla, B. Garcia), disponible sur la plateforme YouTube

Le quotidien est beau et doux. C’est la certitude que l’on acquiert en regardant La Vie douce, web-série apaisante comme un chocolat chaud au cœur de l’hiver. Avec une caméra à l’épaule et une bande d’amis comédiens, le couple de réalisateurs Célia Milla et Bastien Garcia filment les situations simples, mais fondamentales, de la vie : des ruptures et des romances, des engueulades et des apéros entre amis, des deuils et des naissances. La série de 78 épisodes n’est ni totalement de la fiction, ni totalement de l’invention, mais un savant et indiscernable mélange des deux. Dans des plans très serrés, qui ont l’air improvisés, les personnages livrent des fragments d’émotions brutes, prises sur le vif. L’épisode « L’homme de ta vie » retraçant les étapes d’une demande en mariage est à lui seul un petit chef-d’œuvre. La touchante maladresse des futurs mariés met à l’honneur un affect souvent exploité au cinéma, mais rarement bien traité : le malaise. Dans La Vie douce, des situations embarrassantes sont saupoudrées un peu partout. Mais la gêne suscitée n’est ni pesante, ni affligeante. Bien dosée, elle provoque juste ce qu’il faut de frisson empathique pour donner terriblement envie de continuer à regarder.

 

Michel Eltchaninoff

📚 Anéantir (Flammarion), de Michel Houellebecq

Cette année, j’ai surtout aimé Anéantir de Michel Houellebecq. Je l’ai lu à sa parution, en janvier dernier, et j’y pense encore. J’ai même réussi à mettre entre parenthèses mentales la complaisante conversation de l’écrivain avec Michel Onfray, qui vient d’être publiée dans la revue Front populaire. Car Anéantir est un roman, pas une tribune contre l’euthanasie ou la prétendue décadence de l’Occident. Une histoire qui commence avec d’étranges menaces lancées par des écoterroristes, puis passe pas mal le temps dans le bureau de Bruno Le Maire et dans les appartements fonctionnels de couples qui ne s’aiment plus, une histoire qui se vautre dans de désastreux dîners de famille. On ne sait pas très bien où Houellebecq veut nous emmener… Mais peu à peu, on comprend : un vieil homme malade est enfermé dans une maison de retraite. Sa famille veut le sauver et organise son enlèvement. Soudain, tout se noue autour de quelque chose d’aussi ténu que puissant, de ce qui reste quand tout est sombre : le lien affectif. Une fois cette opération réussie, on peut mourir à son tour – c’est la fin, bouleversante, du récit. Les considérations de Houellebecq sur les Américains ou la démographie ne m’intéressent pas. En revanche, la manière dont il fait revivre, au moins pour un moment, les condamnés à mort, est magnifique. Anéantir, sans doute, mais pour exister un tout petit peu.

 

Caroline Pernes

💿 Midnights (3am Edition), de Taylor Swift

« Life is emotionally abusive » (« La vie nous maltraite émotionnellement »), murmure la chanteuse Taylor Swift dans Snow on the Beach, l’une des chansons phares de son nouvel et dixième album, Midnights. Entre désordre intérieur et fracas, Midnights est le patchwork de pensées nées dans le brouillard de l’insomnie, où se mêlent fantasmes, ressassement et retour sur soi. Suspendu entre hier et demain, minuit est une heure particulière chère aux artistes. Tout est sur le point de basculer, et l’on retient son souffle. On danse sous l’éclat artificiel des néons qui transforment la vie en rêve. On se retourne dans son lit, hanté par les regrets, les promesses manquées, les souvenirs qui nous écorchent : « And now that I’m grown, I’m scared of ghosts / Memories feel like weapons » (« Et maintenant que je suis grande, j’ai peur des fantômes / Les souvenirs semblent être des armes »). La production électro-pop, superposée aux textes mélancoliques, met en avant les paradoxes d’un temps nocturne s’étirant sur autant de possibles et de regrets. Comme s’il fallait attendre les heures les plus sombres pour enfin faire la lumière sur soi-même.

 

Ariane Nicolas

📚 Philosophie de la chanson moderne (Fayard), de Bob Dylan

Après son prix Nobel de littérature décrié en 2016, Bob Dylan, dont on connaît le déconcertant je-m’en-foutisme (« I used to care but things have changed », proclame l’un de ses morceaux), semble s’amuser à provoquer un peu plus le lecteur en publiant une Philosophie de la chanson moderne, beau-livre joliment illustré où il commente 66 chansons chères à son coeur. De philosophie, il n’est pas question – en tout cas pas sous la forme classique du commentariat d’auteurs ou de développement d’une thèse. Mais d’exercice philosophique, assurément. L’ouvrage constitue une passionnante herméneutique de la musique enregistrée, où la légende pop-folk analyse des titres d’artistes incontournables (Elvis Presley, Little Richard, The Who…), et d’autres franchement obscurs, de manière très libre. Guidé par une idée proustienne – ce qui importe, ce n’est pas la biographie du compositeur mais comment « une chanson nous touche dans notre propre vie » –, Bob Dylan s’interroge sur le sens profond de chaque morceau et, au passage, cartographie l’époque en divaguant sur certains termes : génération, chaussure, divorce, etc. Un livre érudit à picorer en écoutant la playlist accompagnant ces chroniques, dont la poésie dylanienne illumine chaque page.

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S'aimer soi-même est-ce être narcissique ? Bien sûr que non répondrait Rousseau. L'amour de soi est un formidable instinct de conservation. En revanche, l'amour propre est beaucoup plus pernicieux...Découvrez les détails de cette distinction décisive entre deux manières de se rapporter à soi-même.
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