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Portrait de Georg Wilhelm Friedrich Hegel (non daté). © Lazarus Gottlieb Sichling/Bibliothèque de l’université de Leipzig

Un classique éclaire le présent

Faut-il compter sur la générosité pour aider les plus pauvres ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 05 décembre 2023 3 min

La générosité est en recul dans l’Hexagone : les Français donnent en moyenne 9€ de moins par an à des associations caritatives, selon le dernier rapport de l’Observatoire des générosités. Alarmant, bien entendu, pour les personnes en difficulté. Mais la générosité individuelle est-elle vraiment un idéal de société ? Il vaudrait mieux, selon Hegel, que l’État joue son rôle en soutenant les plus fragiles.


 

  • Le recul de la générosité interpelle et inquiète. Si on l’explique facilement par la détérioration globale de la situation économique, impossible de ne pas avoir en tête le surcroît de détresse humaine que représentera ce recul pour les individus dans le besoin. Mais ne faut-il pas voir plus loin ? Une société où la générosité occupe une place importante dans la prise en charge de la pauvreté atteste certainement de la solidarité humaine de ses membres. Est-ce pour autant une forme souhaitable d’organisation ?
  • La générosité est une vertu. La « bienfaisance » à l’égard des pauvres est en tous cas, affirme Hegel dans les Principes de la philosophie du droit (§242), un « devoir ». Cependant, ajoute immédiatement le philosophe, ce devoir « ne concerne pas des individus » ou des groupes d’individus (une association, par exemple), mais il concerne « l’humanité en général ». Pour Hegel, il n’est donc pas souhaitable de laisser ce devoir à la discrétion des individus. Si c’était le cas, la réalisation de la morale tiendrait en effet tout entière dans les limites, précaires, de la conscience morale subjective dont rien n’assure qu’elle accomplisse systématiquement son devoir et qui doit toujours faire un effort pour y parvenir (effort d’autant plus difficile quand la conjoncture se dégrade). L’accomplissement du geste de charité se fait du reste sur le mode d’une relation interpersonnelle, ce qui risque toujours de créer entre le pauvre et ses bienfaiteurs un rapport de dépendance et d’aliénation. Le pauvre s’éprouve redevable de la générosité d’un autre ou d’un groupe d’autres particuliers qui, contrairement au reste de l’humanité, se sont privés pour lui venir en aide.
  • Pour Hegel, il faut au contraire viser la dépersonnalisation et la systématisation de la bienfaisance. C’est à l’État – médiation suprême entre l’homme et l’humanité – de prendre en charge cette question. « C’est en ma qualité de membre de l’État que le pauvre doit exiger de moi l’aumône comme un droit », il doit formuler sa prétention à la bienfaisance « par l’intermédiaire de l’État ». La médiation de l’État rend à vrai dire beaucoup plus simple l’accomplissement du devoir de bienfaisance pour le donateur lui-même, car il a alors conscience de n’être pas le seul à assumer la charge de ce devoir : « Quand on prétend demander à quelqu’un d’aider à lui seul un pauvre, il répond souvent par une échappatoire : il ne sait pourquoi ce serait lui, un autre le pourrait tout aussi bien que lui. Il y consent plus volontiers sous forme de contribution partagée avec d’autres, d’une part, naturellement, parce qu’ainsi il n’a pas à supporter la totalité de la dépense, mais, d’autre part, parce qu’il sent bien que ce devoir n’incombe pas à lui seulement, mais également aux autres. »
  • La conclusion de Hegel est sans appel : « C’est […] une opinion fausse de vouloir réserver exclusivement à la particularité du sentiment, à la contingence de sa disposition d’esprit et de son savoir, le soin de remédier à la misère. […] Il faut, au contraire, admettre que l’état de la société est d’autant plus satisfaisant qu’il reste à l’individu agissant selon son opinion particulière moins à faire en comparaison de ce qui est effectué par des mesures générales d’assistance. » Entendons bien ce que dit Hegel : la générosité n’est évidemment pas un mal, c’est une vertu dont on peut se réjouir qu’elle se maintienne même dans des situations économiques difficiles comme celle que nous vivons aujourd’hui. Mais cette vertu de bienfaisance n’est pas un idéal de société : il faut au contraire aspirer à une société où, parce que l’État prend de part en part en charge la question de la misère, la charité ne serait plus nécessaire. La nécessité de la générosité individuelle est toujours le signe d’un État défaillant, dont l’insuffisance contraint des particuliers à jouer le rôle qu’il devrait assumer.
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