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Houston (Texas, États-Unis), le 5 septembre 2021. Pancarte d’une manifestante assise sur un banc. Lire : “[Ceci n’est] Pas la propriété de l’État”. © Reginald Mathalone/NurPhoto/AFP

Avortement

États-Unis : “Mon corps, mon choix”, un argument qui ne suffit plus

Jean-Marie Pottier publié le 07 septembre 2021 3 min

Six semaines : c’est désormais le temps dont disposent les Texanes pour recourir à un avortement après la fécondation. Ce nouveau délai, inscrit dans une loi votée par la majorité républicaine, a été choisi en référence au moment à partir duquel une activité cardiaque peut être détectée chez le fœtus. Mais dans les faits, il revient quasiment à interdire l’interruption volontaire de grossesse, puisque de la conception à la découverte de la grossesse en passant par les démarches pour faire l’IVG, le délai légal risque très souvent d’être dépassé.

Ce recul du droit des femmes au Texas a suscité d’intenses protestations aux États-Unis, appuyées notamment sur le slogan aussi célèbre qu’historique « My body, my choice » (« Mon corps, mon choix »). Mais cet argument suffit-il à lui seul à incarner le combat pro-avortement aux États-Unis aujourd’hui ? Ce n’est pas l’avis de la spécialiste d’éthique sanitaire Elizabeth Lanphier, qui a récemment pointé qu’il ne dessine qu’une liberté « négative » alors que le droit à l’avortement peut, et doit, aussi se définir comme liberté « positive ». Explications. 

 

  • Un État qui autorise ses habitantes à avoir recours à l’avortement respecte en apparence leur droit à disposer de leur propre corps. Mais de quel droit s’agit-il s’il ne rembourse pas la procédure, s’il force les patientes à multiplier les rendez-vous ou les formalités pour la mettre en œuvre au mépris, notamment, de leurs obligations professionnelles ou familiales, ou ne propose aucune clinique la pratiquant à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde ? Comme l’écrivait dès 1997 la politiste et militante du droit à l’avortement Rosalind P. Petchesky, « disposer de nos corps dépend entièrement de l’accès aux ressources sociales qui nous permettent d’assurer la santé et le bien-être de nos corps ».
  • Le problème de la « propriété de soi ». Alors que les anti-avortement intensifient leur mobilisation aux États-Unis, comme en témoigne la nouvelle loi hyper-restrictive adoptée par l’État du Texas, l’éthicienne Elizabeth Lanphier a examiné le « problème » de l’argument de la « propriété de soi » dans un article publié par le Cambridge Quarterly of Healthcare Ethics. . Elle rappelle que l’esprit du slogan « Mon corps, mon choix » appartient à la tradition philosophique libérale (ou libertarienne), attachée au respect du corps des citoyens (Locke, Nozick), y compris dans le domaine de la santé. Mais cet argument ne doit pas se formuler uniquement de manière négative : « Les choix autonomes d’un patient ne peuvent pas être clairement démêlés de leur capacité d’action en tant qu’êtres autonomes sur le plan sociopolitique, particulièrement évidente dans la façon dont les options et décisions en matière de santé reproductrice reposent sur bien davantage que le consentement informé exprimé lors d’une conversation entre le médecin et sa patiente. »
  • Autrement dit, le droit à disposer de son corps ne signifie quelque chose que si l’on sait et peut en disposer. Il renvoie à une liberté positive, que l’on doit pouvoir exercer concrètement, et non à une liberté négative, qui consiste à ne pas être empêché d’agir. Il ne peut être détaché du réseau de relations sociales dans lequel s’inscrivent nos choix sanitaires collectifs. « Une fois que nos choix sont bien les nôtres, nous dépendons des autres pour nous aider à les réaliser », conclut Elizabeth Lanphier. Selon elle, le slogan « Mon corps, mon choix » a certes joué un rôle essentiel dans les années 1970, notamment au moment du célèbre arrêt de la Cour suprême Roe v. Wade (1973). Mais il ne peut aujourd’hui à lui seul incarner le combat pro-choix.
  • Quelle place à venir pour le slogan « Mon corps, mon choix » ? Il est indéniable que ce cri de ralliement constitue encore un argument juridique fort face aux demandes de restrictions les plus radicales, dans un contexte où la Cour suprême est à nouveau sommée de se prononcer sur le sujet. Les prochaines années pourraient être décisives pour des millions d’Américaines : d’autres combats auront lieu au niveau fédéral, sur le remboursement de l’IVG ou la facilité à y accéder, par exemple. En complément du slogan « Mon corps, mon choix », un autre mot d’ordre circule de plus en plus : « Abortion is healthcare », soit « l’avortement est un soin de santé ». La santé n’est pas qu’une question de la liberté. Mais ce nouvel argument suffira-t-il à convaincre les opposant(e)s à l’IVG, dans un pays où 42% des personnes se disent opposés à ce droit ?
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