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Barcelone (Espagne), le 1er juillet 2023. Des supporters du parti nationaliste d’extrême droite Vox lors d’une réunion électorale dans le quartier de la Barceloneta, avant les élections générales espagnoles du 23 juillet. © Davide Bonaldo/Sipa

International

En Espagne, Vox ressuscite les fantômes du franquisme

Samuel Lacroix publié le 20 juillet 2023 4 min

À l’approche des élections législatives espagnoles de dimanche, tous les regards se tournent vers le parti nationaliste Vox, qui obtient depuis plusieurs années de bons scores électoraux. Comment comprendre l’ascension fulgurante de ce nouveau venu dans un pays qui, traumatisé par la dictature franquiste, formait l’un des derniers remparts en Europe face à l’extrême droite ?


 

C’était l’un des rares pays épargnés par l’extrême droite, où le slogan antifasciste « no pasarán » paraissait avoir quelque consistance. Mais c’est un fait : Vox semble définitivement sorti de la marginalité en Espagne. Loin des 0,2 % des élections générales de 2015, le parti nationaliste, crédité de 13,5% dans les derniers sondages pour les prochaines législatives, avoisine désormais systématiquement les 10-15 % après seulement quelques années d’existence. En coalition avec les libéraux conservateurs du Parti populaire (le PP), il gouverne déjà les régions de Valence, Estrémadure ou Castille-et-León, où ses représentants se sont illustrés par des mesures comme la suppression des subventions pour les femmes victimes de violences ou le retrait de drapeaux LGBT des bâtiments administratifs. Favori des sondages, le PP aura peut-être besoin de leur concours pour gouverner, comme le Parti socialiste a eu à le faire avec Podemos ces dernières années. Pourquoi la digue a-t-elle sauté dans ce pays où la dictature franquiste semblait avoir vacciné ses habitants de l’extrême droite ?

Conservateurs ou nationalistes ?

Il faut d’abord bien voir que Vox n’est pas apparu comme une formation nationaliste à ses débuts. Fondé en 2013, il naît d’une scission du Parti populaire alors au pouvoir, ses créateurs reprochant à leur mouvement d’origine son abandon des « valeurs traditionnelles » (notamment son supposé laxisme lors de l’adoption du mariage homosexuel en 2005) ainsi que son absence de fermeté vis-à-vis des indépendantistes catalans, qui venaient d’organiser un référendum illégal au sujet de l’autonomie de leur région. La filiation de Vox à l’extrême droite n’est toujours pas évidente aux yeux de certains représentants de la droite et du centre, ce qui explique pour partie la possibilité des alliances actuelles. Le tournant radical du parti s’est pourtant clairement fait, notamment sous l’impulsion de son président actuel, Santiago Abascal, qui accède à sa tête en 2014. Pour cet homme politique basque, petit-fils d’un élu franquiste et dont la famille fut constamment menacée par l’organisation terroriste ETA, les combats sont multiples : il y a d’abord le rejet des récentes lois permettant le changement de genre ou l’avortement sans autorisation parentale dès 16 ans, portées, selon les termes fleuris d’Abascal, par un « féminazisme » conquérant. Vox milite aussi en faveur d’un contrôle strict de l’immigration et, fidèle à ses fondements néolibéraux, pour une baisse drastique de la fiscalité et des dépenses publiques. Plus spécifiquement, le parti promeut l’arrêt de la lutte contre le changement climatique, « la plus grande escroquerie de l’histoire » d’après le climatosceptique Abascal, et s’oppose vigoureusement à la loi de mémoire historique condamnant le franquisme et réhabilitant les victimes de la dictature…

Reconquista

Mais c’est surtout l’unité de l’Espagne et la lutte contre les indépendantistes et le système décentralisé mis en place en 1978, avec des régions autonomes et fortes, qui est le grand cheval de bataille de Vox. Un combat qui s’articule avec une idéologie et des références anciennes, au premier rang desquelles le philosophe Gustavo Bueno Martínez (1924-2016) et l’écrivain Ramiro de Maeztu (1874-1936), auteur d’une Défense de l’hispanité (1934) qu’Abascal a déjà exhibé au Parlement espagnol. C’est sous leur patronage que Vox fait des références constantes à une « Ibérosphère » s’étendant jusqu’en Amérique latine, estimée forte de 700 millions de personnes et ayant « l’hispanité » pour base, soit un ethos espagnol basé sur le christianisme, la famille traditionnelle et la reconquête (reconquista) face à leurs ennemis. Une idéologie régulièrement mise à jour avec l’appui de la fondation Disenso, un laboratoire d’idées conçu pour « contrer les idées dominantes en Espagne et Ibéroamérique » et qui a accouché fin 2020 d’une Charte de Madrid synthétisant les grands axes de l’extrême droite espagnole dans une perspective internationaliste, signée à ce titre aussi bien par des conservateurs américains que par la Première ministre italienne Giorgia Meloni ou la française Marion Maréchal. Faisant référence à « l’union latine » réactionnaire appelée de ses vœux par le royaliste Charles Maurras, grand admirateur de Franco et qui avait vu naître une déclinaison de l’Action française sous l’impulsion de Maeztu, Marion Maréchal a du reste ouvert une filiale de son école, l’Institut des Sciences sociales, économiques et politiques (ISSEP), à Madrid.

Internationale néofasciste

C’est donc dans un contexte plus général de montée de l’extrême droite en Europe et d’internationalisation des mouvements nationalistes – le sociologue Ugo Palheta parle à ce titre de « nouvelle internationale fasciste » – que Vox poursuit son ascension. Puisant ses idées y compris chez des penseurs plus contemporains ou consensuels comme le philosophe anglais du conservatisme Roger Scruton (1944-2020), dont la traduction de l’essai Green Philosophy a été préfacée par Abascal, ce parti est fidèle au travail de sape mené par les diverses extrêmes droites dans le champ culturel et théorique depuis plusieurs années. Pour l’instant cantonné à des scores plus faibles qu’en France ou en Italie, Vox semble bénéficier d’un effet de réaction face aux lois très progressistes de l’actuel gouvernement socialiste et d’une inquiétude plus générale des Espagnols face à la vigueur des mouvements indépendantistes basques et catalans, avec lesquels la gauche cherche à composer. Une gauche qui remonte ces derniers jours dans les sondages, au coude-à-coude avec une droite qui, comme elle, doit prendre en compte et éventuellement accepter de gouverner avec un parti radical ayant rapidement réussi à s’imposer et mettant fin à des années de bipartisme. L’Espagne parviendra-t-elle à enrayer cette irrésistible ascension ?

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