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Extrait du film "Debout les femmes". ©Gilles Perret - Les 400 clous.

Cinéphilo

“Debout les femmes !” : François Ruffin met les travailleuses de l’ombre en pleine lumière

Antony Chanthanakone publié le 23 octobre 2021 4 min

Après les ouvriers du groupe LVMH et les « gilets jaunes », François Ruffin filme les travailleuses précaires. Son dernier documentaire, Debout les femmes !, coréalisé avec Gilles Perret (en salles actuellement), est une exploration des conditions de vie des femmes de l’ombre sous forme d’aventure parlementaire. 
 


La bande-annonce de Debout les femmes !, le documentaire de François Ruffin et Gilles Perret.
On suit tout au long du film la trajectoire de la proposition de loi que François Ruffin a codéfendue, sous sa casquette de député, pour la reconnaissance des métiers du lien. Dénonçant les ravages du néolibéralisme, grâce à des portraits sensibles de personnes que l’on voit rarement sur grand écran, le documentaire se veut aussi une invitation à revoir notre modèle de société : non plus autour de la compétition de tous contre tous, mais d’entraide, dans la lignée de ce que préconisait l’anarchiste Kropotkine il y a un siècle. 

Les femmes précaires seraient-elles l’avenir de la gauche ? 

 

  • Après s’être attaqué au grand patronat dans Merci patron !, puis avoir suivi les « gilets jaunes » dans J’veux du soleil !, François Ruffin et Gilles Perret s’attellent, dans leur nouveau documentaire Debout les femmes !, à rendre visible la condition sociale des femmes précaires. Ces expériences, racontées par chacune d’elles avec chair et émotion, s’insèrent dans « un road-movie parlementaire » où il s’agit de suivre la destinée de la proposition de loi sur les métiers du liens portée par les députés François Ruffin (La France insoumise) et Bruno Bonnell (La République en marche). Le ton de ce film est cependant très différent de ses précédents documentaires. Ici, pas d’adversaire clairement défini, moins d’humour corrosif, davantage de sentiment et de vécu : les femmes sont des héroïnes à part entière dont la présence sur grand écran suffit à entretenir la cadence du film. 
  • Le film Debout les femmes ! se veut un hommage à ces salariées des classes populaires qui œuvrent au service de la communauté ou des individus vulnérables. Qu’elles soient auxiliaire de vie, infirmières ou encore femmes de ménage, elles nous racontent à la fois leur amour de leur métier et leur découragement face à leurs conditions de vie et de travail, souvent misérables. Bien que nous croisons régulièrement ces profils dans nos vies, il faut reconnaître que nous ne prêtons pas forcément une grande attention à ce qu’elles endurent. Les regarder travailler et entendre leurs témoignages permet de comprendre que, fondamentalement, la collectivité ne saurait se passer d’elles. La société a constamment besoin d’être réparée, et ces femmes, pourtant souvent marginalisées, se dévouent pour qu’elle ne se défasse pas. L’un des moments le plus émouvants est sans doute lorsque le député LREM Bruno Bonnell, « cette tête de con » comme le dit Ruffin sur le ton de la plaisanterie, se livre sur son vécu. Il raconte avec tendresse comment son fils vit mieux son handicap grâce au soin et à l’attention d’Alimata, une auxiliaire de vie. C’est là que le documentaire bascule et que le duo Ruffin-Bonnell, pourtant adversaires sur l’échiquier politique, prend une tournure inattendue et même enthousiasmante.
  • Bien qu’il se focalise sur un groupe social bien précis, en valorisant ce que les philosophes féministes nomment la société du care, le film de Ruffin et Perret n’en livre pas moins une vision plus générale de la politique. Ce film, déclare François Ruffin, « est la coexistence d’une conscience féminine et d’une conscience de classe ». Le care, certes, mais aussi la gauche ! Et pas n’importe laquelle. Bien que le député LFI ne se revendique pas comme anarchiste, il se dégage de son œuvre une critique de la société libérale articulée à la notion d’entraide (mot que l’on entend au moins à deux reprises). On pense alors au théoricien anarchiste russe de la fin du XIXe siècle Kropotkine – sans que cette référence soit explicitement mobilisée. Dans son livre L’Entraide, un facteur de l’évolution (1902), Kropotkine s’appuie sur une série de travaux scientifiques concernant les sociétés animales pour renverser l’anthropologie humaine issue du XVIIIe siècle, selon laquelle « l’homme est un loup pour l’homme », expression popularisée par Thomas Hobbes, qu’il cite et critique. Selon lui, l’observation des fourmis et des termites suppose de « répudier la “loi de Hobbes” sur la guerre ». Les humains étant des animaux et les animaux étant capables d’une grande sociabilité, l’espèce humaine ne saurait être condamnée aux guerres intestines. La sociabilité au sein d’une espèce est le plus puissant facteur de sa survie dans un environnement hostile. « Nous pouvons affirmer que pour le progrès moral de l’homme, le grand facteur fut l’entraide, et non pas la lutte », conclut Kropotkine. L’entraide est « une loi de la nature et principal facteur de l’évolution progressive. »
  • Tout au long du film, les réalisateurs s’appliquent à montrer que les métiers du lien ne montrent leur « utilité sociale » que lorsque la société vacille. La séquence sur le Covid-19 est par ailleurs très éloquente. Comment les plus fragiles d’entre nous auraient-ils pu (sur)vivre pendant le confinement sans ces « petites mains » dévouées au soin des autres ? Si la crise sanitaire a temporairement mis dans la lumière ces travailleuses de l’ombre, il n’est pas dit que cette reconnaissance (désormais matérialisée sur grand écran) ait une traduction politique sur le long terme. Malgré son titre bagarreur et optimiste, le documentaire laisse un sentiment d’inachevé, la plupart des éléments défendus par le duo Ruffin-Bonnell ayant été retoqués au Parlement – François Ruffin a d’ailleurs lui-même voté contre sa proposition de loi, la jugeant vidée de son sens au fil des amendements lui ayant été ajoutée. Pour rétribuer à leur juste valeur toutes ces travailleuses du soin, ne faudrait-il pas envisager un autre mot d’ordre : « Debout la gauche » ?
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