Proche-Orient / Alliances

De la dialectique appliquée à la stratégie turque

Pauline Fleury publié le 3 min

La Turquie a rejoint la coalition dirigée par les États-Unis contre Daech tout en ouvrant le feu sur les Kurdes, qui luttent eux-mêmes contre Daech. Contradiction ? Oui, mais secondaire…

Ce fut le coup de théâtre de l’été : peu après l’entrée officielle de la Turquie du président Recep Tayyip Erdoğan dans la guerre contre l’État islamique, annoncée par les médias occidentaux le 23 juillet, on s’aperçut moins d’une semaine plus tard que les raids de l’aviation turque se concentraient en réalité… sur l’ennemi traditionnel, les Kurdes.

La Turquie est depuis longtemps en butte à une guérilla séparatiste menée dans l’est du pays par une organisation kurde armée, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Comme les Kurdes aident depuis plus d’un an les forces alliées à lutter contre Daech en Syrie, on peut penser qu’ils chercheront à faire valoir, en cas d’issue favorable au conflit, leurs bons et loyaux services afin de faire reconnaître leur indépendance. De son côté, Erdoğan veut empêcher la possible création d’un Kurdistan autonome. À cela s’ajoute un enjeu électoral : le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdoğan n’a plus la majorité absolue au Parlement turc depuis le mois de juin dernier. La faute en revient largement au Parti démocratique des peuples (HDP), mouvement de gauche de base kurde, qui dispose aujourd’hui de quatre-vingts sièges. Frapper les « terroristes » kurdes, c’est donc tenter aussi de discréditer le HDP et de reconquérir la majorité perdue.

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Kant et le devoir
Au quotidien, qu’est-ce que ça veut dire d’agir moralement ? Et est-ce que c’est difficile de faire son devoir ? Ces questions ne sont pas anecdotiques pour quelqu’un qui souhaite s’orienter dans l’existence. Et, coup de chance : Emmanuel Kant y a répondu. 
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