Claude Lévi-Strauss / Nicolas Poussin : entre sang et terre
Claude Lévi-Strauss promène son lecteur à travers les élégantes structures d’un tableau de Nicolas Poussin. Il y voit à l’œuvre ce qu’il nomme la « pensée sauvage », une dialectique du sensible qui permet de dépasser les contradictions auxquelles sont confrontées les sociétés humaines.
C’est peut-être parce qu’il sortait de la série austère des Sacrements que Nicolas Poussin a peint, en 1648, Éliézer et Rebecca, un tableau qui jette, après les scènes de la primitive Église, un rayon printanier. La solennité de la composition se délace en un ensemble de mouvements gracieux et fluides, les couleurs prennent une saveur acidulée, les gestes se font caressants. Fraîcheur de l’eau et fraîcheur de la femme se fondent pour accroître le charme de ce tableau harmonieux.
Claude Lévi-Strauss n’est pas resté insensible à la séduction de ce monde féminin, mais elle ne lui fait pas perdre le nord. Il interroge l’harmonie générale en anthropologue. Sa démarche est similaire à celle qu’il adopte lorsqu’il analyse les mythes, les pratiques rituelles ou le totémisme. Dans ces derniers, il découvre une structure analogue à celle du langage, constituée d’oppositions logiques issues du monde sensible (ciel/eau, cru/cuit, etc.) qui prennent sens les unes par rapport aux autres, et en fonction du contexte historique et culturel. De la même façon, dans le tableau de Nicolas Poussin, le regard aiguisé de l’anthropologue repère aussitôt, parmi les groupes de femmes et les cruches, les grandes oppositions sur lesquelles joue la composition : le stable et l’instable, le mobile et l’immobile. À gauche, des corps juvéniles se renversent vers l’arrière ou s’inclinent vers l’avant, des cruches sont maintenues en équilibre précaire sur les têtes, l’eau coule. À droite, au contraire, règne une immobilité nonchalante et contemplative.
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