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Portrait de l’homme d’Église, théologien et écrivain Francois de Pons de Salignac de La Mothe-Fenelon, dit Fénelon (1651-1715), par le peintre Joseph Vivien (1657-1734) (détail). Huile sur toile, musée national du château de Versailles. © AISA/Leemage

Guerre en Ukraine

De Fénelon à… Sting : pourquoi la guerre est toujours une défaite

Octave Larmagnac-Matheron publié le 01 mars 2022 4 min

« Il n’existe rien de tel qu’une guerre gagnable / C’est un mensonge auquel nous ne croyons plus » (« There’s no such thing as a winnable war / It's a lie we don't believe anymore ») : depuis le début de la guerre en Ukraine, ces quelques mots, clamés par le chanteur Sting dans la chanson Russians (1985), résonnent sur les réseaux sociaux.

La guerre ne fait que des perdants, dit en suspens le chanteur britannique : même celui qui la remporte, sur le plan strictement militaire, s’en trouve affaibli. Une position déjà soutenue par des politiques et des penseurs, dont le philosophe Fénelon à la fin du XVIIe siècle.

 

Sting, Russians (1985)

 

  • « Dans la guerre, quel que soit le camp qui se dit vainqueur, il n’y a pas de gagnants, mais tous sont perdants », affirmait le Premier ministre du Royaume-Uni Neville Chamberlain dans un discours prononcé à Kettering (Royaume-Uni) le 3 juillet 1938. Une position qui n’est pas pacifiste au sens fort, mais qui s’envisage dans une perspective plus large. À la fin du XVIIe siècle, cette idée était déjà défendue par le philosophe François de Salignac de La Mothe-Fénelon, dit Fénelon, dans les Aventures de Télémaque, en 1699.
  • « Les longues guerres entraînent toujours après elles beaucoup de désordres : les victorieux mêmes se dérèglent pendant ces temps de confusion », observe-t-il. « Jamais aucun peuple n’a eu un roi conquérant sans avoir beaucoup à souffrir de son ambition. Un conquérant, enivré de sa gloire, ruine presque autant sa nation victorieuse que les nations vaincues. » Et de faire un détour par l’histoire antique pour appuyer son propos : « Voyez ce qu’il en coûte à la Grèce pour avoir triomphé de Troie : elle a été privée de ses rois pendant plus de dix ans. »
  • La guerre, en effet, saigne tous les belligérants. Elle vampirise les forces vives et productives de la société. « Lorsque tout est en feu par la guerre, les lois, l’agriculture, les arts languissent. » Pour ne rien arranger, elle déstabilise les repères moraux, et fait entrer durablement le mal dans la vie des hommes. « Les meilleurs princes mêmes, pendant qu’ils ont une guerre à soutenir, sont contraints de faire le plus grand des maux, qui est de tolérer la licence et de se servir des méchants : combien y a-t-il de scélérats qu’on punirait pendant la paix, et dont on a besoin de récompenser l’audace dans les désordres de la guerre ! »
  • Le va-t-en-guerre belliqueux est y compris problématique après son éventuelle victoire. Les succès qu’il remporte ne lui profitent en rien parce qu’il ne sait pas les mettre en valeur. Il « ne peut faire goûter à ses sujets les fruits d’une guerre heureusement finie : il est comme un homme qui défendrait son champ contre son voisin et qui usurperait celui du voisin même, mais qui ne saurait ni labourer ni semer pour recueillir aucune moisson. Un tel homme semble né pour détruire, pour ravager, pour renverser le monde, et non pour rendre un peuple heureux par un sage gouvernement. » La conquête et l’expansionnisme sont la fuite en avant d’un souverain qui ne sait pas gérer son pays. L’état actuel de la Russie, notamment économique, donne peut-être raison à Fénelon.
  • Un souverain exclusivement pacifiste, qui ne saurait rien de la guerre, n’est pas non plus souhaitable pour Fénelon. Mais à choisir, il est préférable : « Le roi pacifique qui ignore la guerre est un roi très imparfait, puisqu’il ne sait point remplir une de ses plus grandes fonctions, qui est de vaincre ses ennemis ; mais j’ajoute qu’il est néanmoins infiniment supérieur au roi conquérant qui manque des qualités nécessaires dans la paix et qui n’est propre qu’à la guerre. » Car l’homme qui sait bien gouverner en temps de paix est à la tête d’un peuple « invincible par sa multitude, par son courage, par sa patience dans les fatigues, […] par sa vigueur dans les combats, et par une vertu que les mauvais succès mêmes ne peuvent abattre ».
  • Conscient de son peu d’aptitudes à la guerre, le souverain pacifique favorise de surcroît la diplomatie de l’apaisement : « Il est juste, modéré et commode à l’égard de ses voisins; il n’entreprend jamais contre eux aucun dessein qui puisse troubler sa paix. […] S’il y a quelque voisin inquiet, hautain et ambitieux, tous les autres rois voisins, qui craignent ce voisin inquiet et qui n’ont aucune jalousie du roi pacifique, se joignent à ce bon roi pour l’empêcher d’être opprimé. » Pas toujours suffisant pour éviter une invasion, cependant, comme le montre la situation actuelle en Ukraine.
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