Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé. © Xosé Bouzas/Hans Lucas/Hans Lucas via AFP

Analyse

Allocations : la rentrée des classes du paternalisme ?

Clara Degiovanni publié le 06 septembre 2021 3 min

« On sait bien, si l’on regarde les choses en face, que parfois, il y a des achats d’écrans plats plus importants au mois de septembre qu’à d’autres moments. » Dimanche dernier, les propos de Jean-Michel Blanquer suspectant un usage détourné de la prime de rentrée scolaire ont lancé la polémique. Après la parution de démentis prouvant que « les mois d’août et de septembre sont loin d’être les meilleurs mois de l’année pour le marché du téléviseur », c’est au tour du ministre de la Santé Olivier Véran de s’exprimer sur la question, affirmant à l’inverse du ministre de l’Éducation « n’être pas choqué que ces familles puissent utiliser cette allocation pour payer une facture qui traînait ». Ce débat houleux interroge : l’État ou ses représentants doivent-ils statuer sur l’usage des allocations ?

C’est l’État qui décide : le paternalisme dur

Cette position consiste à imposer à chaque foyer une certaine manière de dépenser l’argent versé par l’État. Dans ce cas, on considère que la prime de rentrée devrait servir uniquement à financer les fournitures scolaires. C’est l’optique actuellement défendue par la députée MoDem Perrine Goulet, qui propose de verser l’allocation de rentrée scolaire sous la forme de bons d’achats à dépenser seulement pour des fournitures scolaires. Cette forme d’ingérence dans l’économie des foyers est typique du paternalisme d’État, défini par le politologue Jean-Marie Donegani comme « une attitude du pouvoir, à la fois bienveillante et autoritaire » qui consiste « à faire le bien d’autrui, éventuellement contre son gré, en lui déniant les capacités cognitives ou morales nécessaires à la poursuite de l’obtention de ce bien ». C’est au nom d’une vision « dure » du paternalisme que l’État oblige les foyers à faire ce qui est jugé meilleur pour eux : en l’occurrence, dépenser la prime de rentrée… uniquement pour la rentrée.

Orienter sans décider : le paternalisme mou

Selon cette optique, les foyers peuvent dépenser leur argent comme ils le souhaitent, mais ils sont plus ou moins orientés dans leurs choix. Ainsi, les allégations de Jean-Michel Blanquer n’interdisent-elles pas l’achat d’un écran plat, mais guident les foyers vers un meilleur usage de cet argent. Cette prise de position correspond à ce que le professeur de philosophie Roberto Merill appelle « le paternalisme mou ». À savoir, un paternalisme « qui estime que l’État peut promouvoir une ou plusieurs conceptions du bien controversées, à condition de le faire par des méthodes non coercitives ». Emmanuel Macron, qui a défendu le ministre de l’Éducation, a indirectement soutenu cette position, affirmant « [qu’il] y a […] des gens qui font les choses comme il faut, et il y a toujours des gens qui [ne] les font pas comme il le faut et qui n’utilisent pas l’argent [pour ce à quoi il est destiné]. » En distribuant ainsi les bons et les mauvais points, le représentant de l’État juge le bien et le mal. Il a, encore ici, son mot à dire sur la morale. 

L’État n’intervient pas : en finir avec le paternalisme ?

Une troisième optique, privilégiée par Olivier Véran, serait de laisser les citoyens dépenser cet argent comme bon leur semble. Ce choix reconnaît à chacun le droit de gérer son budget de manière autonome. La prise de position d’Olivier Véran prend ainsi le contrepied d’un « recours au paternalisme » qui, comme le rappelle Jean-Marie Donegani, « court-circuite la délibération morale du sujet et lui interdit d’être libre, en l’empêchant de devenir l’auteur de sa propre autonomie ». En finir avec le paternalisme, c’est donc tabler sur la perspicacité des parents, reconnaître la capacité de chacun d’eux à décider ce qui est bon pour leurs enfants (ou leur foyer), plutôt que les soupçonner systématiquement de faire un mauvais usage des aides qu’ils reçoivent. Suivant cette optique, on peut renvoyer ceux qui craignent que cet argent soit utilisé pour d’autres fins que pour les dépenses de rentrée à l’étude de la Caisse d’allocations familiales parue en 2014, affirmant que « la quasi-totalité (99%) des bénéficiaires [de l’ARS avait] acheté des fournitures scolaires, et 95% des vêtements ».

À lire aussi : Si Macron était un père, lequel serait-il ?
Expresso : les parcours interactifs
En finir avec le mythe romantique
Cendrillon a 20 ans, elle est « la plus jolie des enfants ». Mais pas pour longtemps. Beauvoir déconstruit les mythes romantiques et les contes de fée qui peuplent encore aujourd'hui l'imaginaire collectif.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
3 min
Des problèmes avec l'argent?
12 juillet 2013

La richesse globale des 500 premières fortunes de France a augmenté de près de 25% en un an. Elle représente désormais 330 milliards d’euros, 10%…

Des problèmes avec l'argent?

Article
4 min
La pauvreté en France ne faiblit pas
Cédric Enjalbert 22 novembre 2016

Dans son 35e rapport sur “l’état de la pauvreté en France”, publié jeudi 17 novembre 2016, le Secours catholique montre que le “besoin d’écoute”…

La pauvreté en France ne faiblit pas

Dialogue
17 min
Jean-Michel Blanquer, Catherine Kintzler. L’éducation à armes égales
Martin Legros 24 octobre 2017

Pour rompre avec un égalitarisme et un pédagogisme dévoyés, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer propose de revenir aux…

Jean-Michel Blanquer, Catherine Kintzler. L’éducation à armes égales

Article
3 min
1% de la population détient près de la moitié de la richesse mondiale
09 juin 2016

Un rapport publié mardi 7 juin 2016 par un cabinet de conseil américain fait le point sur la richesse privée dans le monde... et sur son partage…

1% de la population détient près de la moitié de la richesse mondiale

Article
3 min
Philippe Van Parijs: “Le revenu de base permet de redistribuer une richesse qui vient du passé”
Martin Legros 17 août 2016

La question du revenu de base universel séduit les esprits, à droite comme à gauche. En France, le Premier ministre Manuels Valls projette de…

Philippe Van Parijs: “Le revenu de base permet de redistribuer une richesse qui vient du passé”

Article
6 min
Peut-on parler d’un “droit” à manger de la viande ?
Ariane Nicolas 03 mars 2021

La polémique suscitée par les menus sans viande dans les cantines scolaires de Lyon pose un problème de fond. Les citoyens peuvent-ils exiger de…

Peut-on parler d’un “droit” à manger de la viande ?

Article
3 min
La solidarité à l’épreuve de l’allocation universelle
Cédric Enjalbert 20 août 2015

Une allocation universelle inconditionnelle : encouragement à la paresse ? Pas si sûr, car c’est au nom du libéralisme que la mairie d’Utrecht…

La solidarité à l’épreuve de l’allocation universelle

Article
4 min
Les plus riches ont-ils le devoir d’aider les plus pauvres ?
Cédric Enjalbert 29 janvier 2019

Alors que les fortes inégalités mondiales entre les plus riches et les plus pauvres suscitent l’indignation, faut-il imaginer de nouveaux…

Les plus riches ont-ils le devoir d’aider les plus pauvres ?

À Lire aussi
Céline Alvarez : “Tout notre environnement scolaire est inadapté”
Céline Alvarez : “Tout notre environnement scolaire est inadapté”
Par Céline Alvarez
septembre 2016
Pourquoi Olivier Véran parle de “bulle sociale”
Pourquoi Olivier Véran parle de “bulle sociale”
Par Octave Larmagnac-Matheron
octobre 2020
Petite histoire de la “grande Sécu”
Petite histoire de la “grande Sécu”
Par Antony Chanthanakone
décembre 2021
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Allocations : la rentrée des classes du paternalisme ?
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse