Lost ego. La tragédie du "je suis"

Une recension de Philippe Nassif, publié le

Les neurosciences et la psychologie évolutionniste au service de Spinoza dans sa réfutation du libre arbitre ? L’étude des cerveaux sous IRM n’est pas l’amie des tenants d’un « je suis », rappelle le philosophe François De Smet dans cet essai stimulant. Lorsque nous posons, en conscience, un choix, nous ratifions en fait une décision mise en œuvre une demi-seconde auparavant dans nos réseaux neuronaux. Dès lors, « la conscience pourrait se révéler non être une cause mais une conséquence de nos actions ». Ou encore, une construction mentale comme « sas entre deux chaos : celui de nos propres neurones et celui du monde ». D’où un « relativisme joyeux » professé par l’auteur qui appelle à une éthique du récit de soi, telle que la défend Paul Ricœur. Puisque notre conscience est une machine à raconter, il nous appartient de prendre soin de nos histoires : elles nous contiennent, nous orientent et nous offrent la possibilité d’honorer la chance, sinon d’être véritablement libres, du moins d’être pleinement vivants.

Sur le même sujet
Le fil
4 min
Frédéric Manzini

La question du libre arbitre est à peu près aussi ancienne que la philosophie. Dans Le Libre Arbitre à l’épreuve de la science (Éliott Éditions, 2022), Alfred…

Le libre arbitre existe-t-il ?



Article
3 min
Isabelle Sorente

Dans les gares ou les aéroports, les zones de transit sont censées nous plonger dans un état émotionnel neutre. Mais en sommes-nous capables, et n…

Lost in translation