La Composition des mondes

Une recension de Philippe Garnier, publié le

À la frontière de l’Équateur, les Indiens Achuar s’adressent aux plantes et aux animaux comme s’il s’agissait de personnes. Ils conçoivent leur biotope de la forêt amazonienne comme une œuvre commune où s’invitent ignames, agoutis et jaguars. Ils attribuent à la faune et à la flore le même système de parenté qu’aux humains. Pour parvenir à comprendre la pensée des Achuar, Philippe Descola a formulé un modèle anthropologique où, à l’inverse du totémisme, les catégories sociales servent à penser les catégories naturelles. Comment un ethnologue parvient-il à changer en profondeur son cadre conceptuel ? Telle est l’une des questions centrales de ce livre d’entretiens où Descola analyse ses héritages et ses ruptures. Plus qu’à un édifice théorique, il en revient sans cesse, à la trame du réel, à son observation. C’est en écoutant les conversations et les récits de rêve des Achuar que Descola s’est posé la question centrale de la prise en compte des non-humains. Pour lui, les notions de nature et de culture s’en sont trouvées peu à peu redéfinies, de même que ce « naturalisme » qui tient lieu, en Occident, de relation à l’environnement.

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