Culture et barbarie européennes

Une recension de Octave Larmagnac-Matheron, publié le

Ensauvagement, barbarie, bestialité : autant de mots qui saturent aujourd’hui l’espace médiatique, autant de termes brandis comme repoussoirs par l’homme « civilisé ». Reléguer la cruauté dans les limbes d’un ailleurs, la rejeter hors de soi, c’est pourtant s’interdire de la comprendre, comme l’explique Edgar Morin : « La barbarie n’est pas seulement un élément qui accompagne la civilisation, elle en fait partie intégrante. » Barbarie purificatoire tout d’abord, car les civilisations brassent une diversité croissante d’hommes dont les différences sont vécues comme une menace. Et cette barbarie est d’autant plus brutale qu’elle bénéficie de la « démesure » des moyens techniques et bureaucratiques à sa disposition. Guerres de conquêtes et de domination, épurations religieuses et ethniques, colonisation du monde, totalitarisme, mondialisation sauvage… Les exemples ne manquent pas de cette cruauté décuplée, déchaînée, « raffinée ». Il ne s’agit pas de nier que la civilisation – européenne, en particulier – a nourri « un épanouissement des arts, de la culture, de la connaissance » inédit : il faut assumer l’ambivalence de la civilisation, capable du meilleur comme du pire, afin d’y trouver les remèdes contre sa propre barbarie. Alors seulement la civilisation peut devenir la source d’un « humanisme planétaire ».

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