Youssef Ishaghpour. Enfin libre !
Youssef Ishaghpour, essayiste iranien, a consacré trente-sept ans de sa vie à une monumentale étude du cinéma d’Orson Welles. Ce qui n’empêche pas ce passionné d’images en tout genre de se considérer comme… un non-spécialiste.
Lorsqu’il évoque le « chemin labyrinthique » que fut sa vocation, Youssef Ishaghpour aime à convoquer une scène de fiction : le jeune François Truffaut dans La Nuit américaine dérobant une photo de Citizen Kane devant un cinéma. Ce film d’Orson Welles, Ishaghpour, né en 1940 à Téhéran, se l’est approprié à son tour en arrivant à Paris en 1958. Savait-il alors que dans la rencontre avec cette œuvre se logerait le pli même de sa pensée ? Eurêka ! « En essayant de voler une photo de Citizen Kane, j’ai tiré sur un objet brillant qui faisait partie de tout un ensemble, que j’ai reçu sur la tête en même temps : cet ensemble s’appelle l’Occident. » Une captation à rebours de celle de Truffaut : si les cinéastes de la Nouvelle Vague furent d’abord des critiques, Ishaghpour a reçu une formation de cameraman et de réalisateur, à Louis-Lumière puis à l’IDHEC, avant de se lancer dans l’écriture théorique.
Un monument digne de Xanadu, le palais baroque de Kane, s’imposait : Orson Welles cinéaste. Une caméra visible – trois volumes et quelque deux mille pages. L’accouchement de cette somme, dont les deux modèles revendiqués sont L’Idiot de la famille de Sartre et S/Z de Barthes, aura nécessité trente-sept longues années. Consacrées à un déchiffrement « en gros plans et en plans d’ensemble » de l’œuvre wellesienne : de l’analyse détaillée de ses films (La Dame de Shanghai, Othello, F for Fake, etc.) à l’élaboration de sa constellation philosophique, historique, politique, éthique, esthétique. Malgré ce compagnonnage poussé et l’exhaustivité de son approche, Ishaghpour ne se dit pas spécialiste du cinéaste, mais « essayiste », citant à l’envi la définition qu’en donne Theodor W. Adorno, « un essai est écrit par un non-spécialiste pour des non-spécialistes ». De ses essais transversaux sur le cinéma (Le Cinéma et Historicité du cinéma) à ceux consacrés à la peinture abstraite (Morandi, Rothko, Rauschenberg, Staël et bientôt Tapiès), toute sa production s’étoile autour de cette œuvre-pivot. « Enfin libre ! » s’est-il écrié le jour où il a rendu son manuscrit. Libre notamment de revenir à la pratique photographique. Le penseur, qui fait une analogie entre l’effet (désenchanteur) qu’a eu la photographie sur la peinture et celui qu’a eu la télévision sur le cinéma, vient de faire paraître deux livres de photographies Arbres et Grèves, Rocs et Mer.
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