Jean-Louis Fabiani : “L’héroïsme, la grande question du cinéma de Clint Easwood”
Pour le sociologue Jean-Louis Fabiani, qui vient de lui consacrer une monographie passionnante aux éditions de La Découverte, Clint Eastwood renouvelle les codes de l’héroïsme en vigueur dans le cinéma hollywoodien : mâles blancs fatigués en butte aux autorités et aux évolutions de la société, ce sont les circonstances plus qu’une quelconque essence qui font d’eux des êtres exceptionnels.
Clint Eastwood a été appelé à témoigner dans le procès de l’attentat manqué du Thalys de 2015, une histoire qu’il a raconté dans son film 15h17 pour Paris. Comment avez-vous réagi à cette information ?
Jean-Louis Fabiani : Le 15h17 pour Paris est un film très particulier dans la carrière d’Eastwood : un film qui mêle réalité et fiction, intrigue cinématographique et inserts réels, comme l’extrait d’une vidéo de François Hollande. Eastwood et son oeuvre font désormais pleinement partie de l’histoire de cette tentative d’attentat. Je ne suis donc pas surpris de cette invitation à témoigner.
La bande-annonce (version originale sous-titrée) de 15h17 pour Paris, de Clint Eastwood (2017)
15h17 pour Paris aborde notamment la question de l’héroïsme. C’est une préoccupation constante dans le travail d’Eastwood, comme acteur et réalisateur ?
Oui, l’héroïsme est un fil qui court dans toute son œuvre. Eastwood revisite sans cesse le cinéma américain classique et hérite inévitablement de l’imaginaire de l’héroïsme américain : celui des westerns, du mâle blanc à la conquête de l’Ouest qui apporte une forme de morale, d’éthique, de justice, dans le chaos du far west ; ou encore l’héroïsme du soldat, du commandant de bord qui fait son travail, ou plutôt son devoir coûte que coûte. Cependant, au cours de sa filmographie Eastwood travaille la figure héroïque, il la déconstruit et la reconfigure. Prenez le personnage de Harry Callahan – un policier à la poursuite d’un tueur qui menace d’exécuter chaque jour une personne si on ne lui remet pas 200 000 dollars – dans L’Inspecteur Harry [film de Don Siegel, 1971] : il partage avec les héros une forme d’exceptionnalité. Mais il tient aussi beaucoup, par la violence dont il fait l’exhibition, de l’antihéros. Au fond,Il n’est pas si différent du point de vue du sadisme, du « méchant ». Les lignes de partage entre bien et mal ne sont pas si tranchées. Il est plus ambivalent qu’il n’y parait !
Notions associées Corps / physiologie / énergie / santé / futurisme / virilité / héroïsme / guerre / sacrifice / hiérarchie / ordre / État
Les films de Clint Eastwood sont-ils de droite ou de gauche ? Et les artistes contemporains ? Hector Obalk et Catherine Millet, deux critiques, montrent qu’en art, il faut se méfier des étiquettes.
Alors que le procès de l’attentat manqué du Thalys de 2015 s’est ouvert lundi 23 novembre à la cour d’assises de Paris, un témoin très particulier était…
De Platon à Christian Bobin en passant par Belle du Seigneur d’Albert Cohen ou Sur la route de Madison de Clint Eastwood, Charles Pépin convoque…
Cette toison savamment entretenue est arborée depuis quelques années par les « branchés » des grandes métropoles occidentales. Une…
Hillary Clinton et Sarah Palin aux États-Unis, Ségolène Royal et Carla Bruni en France : les femmes s’imposent sur le devant de la scène. Faut-il y voir une avancée du féminisme et un recul du patriarcat ? Pas forcément…
Partiellement reconnue par la loi en 2014, pour ce qui est du décompte à part du vote blanc, la pratique du vote blanc et nul a de nouveau atteint…
La « fatigue » est l’un des trois sentiments dominants chez les Français, avec « l’incertitude » et « l’inquiétude »…