Bertrand Mandico. Mondes mutants
« Un esprit libre prend des libertés même à l’égard de la liberté. » À cette citation du peintre Francis Picabia, Bertrand Mandico souscrit, lui qui, après avoir réalisé des films d’animation et des courts métrages, a ravi les esprits et les prix avec un premier long en 2017 : Les Garçons sauvages, et son univers luxuriant de piraterie queer. Il achève le prochain – Paradis sale, entre science-fiction et western – et s’attelle à un projet mêlant cinéma, spectacle vivant et réalité virtuelle au théâtre Nanterre-Amandiers, au mois de mars : Conan la Barbare, tout féminin ! Il y sera question de romantisme et de barbarie, mais aussi de l’épuisement de l’artiste et de la jeunesse perdue.
De quoi doutez-vous ?
De la solidité du monde. J’ai l’impression qu’il se liquéfie sous mes pieds, tel un sable mouvant.
Une rencontre déterminante ?
Avec Roland Topor, épatant de fulgurance. Le premier être vivant que j’ai filmé… et il est mort trois semaines après. J’ai l’impression de lui avoir avalé la vie.
Un conseil qu’on vous a donné ?
Topor justement : « N’oublie pas d’être méchant. » Il me mettait en garde contre mon romantisme échevelé. Depuis, j’ai inscrit « romantisme » sur une main et « méchanceté » sur l’autre. Quand j’écris, mes doigts vacillent entre ces deux pôles.
Quel est votre démon ?
La peur d’être acculé, alors je deviens une anguille. Je n’aime pas que l’on m’attrape.
Comment vivez-vous la solitude ?
En regardant un miroir piqué, la dernière chose qui réfléchit chez moi.
Avez-vous des rituels ?
Oui, mais ils mutent sans cesse. Je suis un intermittent du rituel.
Avez-vous peur de la mort ?
Non, mais je ne suis pas pressé de la croiser.
Quelle serait la belle mort, selon vous ?
Foudroyé sur une montagne de créations.
De quoi aimez-vous être ivre ?
Mon ivresse est sonore, je m’enivre de musique… Et de liberté dans un enclos de contraintes factices.
De quelle illusion vous bercez-vous ?
Mes illusions sont faites d’ombres et de lumières. Je capte la lumière et je la projette à mon tour. Je me love dans cette illusion qu’est le cinéma.
Vous arrive-t-il de mentir par amour ?
Toujours. Il est vital de mentir. Mentir et y croire, afin que le mensonge devienne une vérité.
Une devise ?
Orson Welles sur le cinéma : « Quiconque exerce ce métier stupide mérite ce qui lui arrive. »
Un dieu, un maître ?
Il existe plein de maîtres dans mon Olympe, que je convoque quand je crée. Des entités, mais aucun dieu.
Votre héros, adolescent ?
Adolescent, je ne sais plus ; enfant, les singes.
Vous êtes-vous fait une promesse ?
Oui, mais je ne peux pas vous la dire car je suis superstitieux.
Votre plus vieux souvenir ?
Le rêve d’un grenier, où trois femmes filiformes sortaient d’une cheminée pour m’embrasser et me faire devenir femme.
Le lieu qui se rapproche pour vous le plus de la cité idéale ?
Une ville qui se reflète dans une flaque d’eau ondoyante.
Que retenez-vous de votre éducation ?
La capacité à être un contrebandier, à chercher ce qu’il y a de l’autre côté des frontières pour le ramener à moi, en toute discrétion.
Entre science-fiction subversive et western féministe, le réalisateur Bertrand Mandico propose avec son dernier film, After Blue. Paradis…
Les Jeux paralympiques, qui s’achèvent cette semaine, sont presque le seul moment où l’on entend parler de handicap dans les médias. Un instant d…
Gagnez des places pour deux conférences au Théâtre de l’Œuvre à Marseille le 20 octobre à 20H : « Machiavel en Ukraine » et «…
Des zombies de Walking Dead à l’intelligence artificielle devenue folle de 2001, l’Odyssée de l’espace en passant par les « Hubot » de…
Le Covid-19 nous a fait entrer de plain-pied dans le champ du savoir scientifique. Mais, en mutant, il soulève aussi des questionnements…
L’éloquence est-elle dangereuse, car susceptible de servir toutes les causes ? Ou est-ce un outil d’émancipation, qui favorise la conversation…
Révélé succès d’esthète et d’estime en 2010 à l’issue d’un troisième disque au titre impérialement poétique – “Hypernuit” –, Bertrand Belin a ses propres cases. Traquant « cette chose de l’intime qu’on vise quand on…
Auteur d’ouvrages à succès, conférencier chevronné, Bertrand Vergely réfléchit sur la souffrance et la foi, le bonheur et la mort. Vitaliste et optimiste, il défend une conception émerveillée de la philosophie qui s’enrichit au contact…