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© Delphine Lebourgeois pour PM

Lexique

Une plume contre l'infâme

Ghislain Waterlot publié le 29 septembre 2010 9 min

Indigné par l’injustice, Voltaire combat le fanatisme religieux, accablant ses contradicteurs. Il encourage ses contemporains à établir une société prospère, fondée sur la tolérance et le travail. Notre monde moderne s’annonce.

Fanatisme

Le fanatisme est une obsession de Voltaire. Il l’empêche de dormir et le conduit, lui qui aime la mise en scène et la théâtralisation, à s’aliter chaque année au jour anniversaire de la Saint-Barthélemy. À ceux qui lui disent que les temps ont changé, il évoque l’affaire Calas et ajoute : « Craignons toujours les excès où conduit le fanatisme. Qu’on laisse ce monstre en liberté, qu’on cesse de couper ses griffes et de briser ses dents, que la raison si souvent persécutée se taise, on verra les mêmes horreurs qu’aux siècles passés ; le germe subsiste : si vous ne l’étouffez pas, il couvrira la terre. » (Avis au public.) Voltaire parle souvent du fanatisme en termes médicaux, car il reprend, en l’appliquant au fanatisme, le modèle rhétorique dont les théologiens usaient pour l’hérésie : c’est une maladie ou une infection. Le fanatisme menace d’abolir l’esprit (et finalement le corps social) comme le transport de fièvre menace le corps physique de destruction. Le fanatisme est un cocktail où se synthétisent l’assurance et l’enthousiasme : on est alors irrésistiblement emporté dans la violence. À propos des convulsions qui ont marqué les milieux jansénistes populaires dans les années 1720 à Paris, Voltaire écrit : « J’ai vu des convulsionnaires qui […] s’échauffaient par degré malgré eux : leurs yeux s’enflammaient, leurs membres tremblaient, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût contredits. » Parce que le mal guette toujours, Voltaire applique avec constance la mesure prophylactique qu’est le rappel obstiné du danger. Il multiplie donc les textes où il stigmatise les méfaits des monothéismes. Au fanatisme religieux, il donne un nom : « l’infâme ». À vrai dire, l’Église catholique est particulièrement visée ; il pense à elle en terminant certaines lettres à ses amis par le mot d’ordre « Ecrlinf » (Écrasez l’infâme).

 

Théisme

« Le théiste est un homme fermement persuadé de l’existence d’un Être suprême aussi bon que puissant […] qui punit sans cruauté les crimes, et récompense avec bonté les actions vertueuses. Le théiste ne sait pas comment Dieu punit, comment il favorise, comment il pardonne ; […] mais il sait que Dieu agit, et qu’il est juste. » (Dictionnaire philosophique.) Cette définition nette est le résumé de la foi de Voltaire, défendue avec passion. Religion première de l’humanité à ses yeux, le théisme a ensuite été défiguré par la superstition. C’est pourquoi il faut faire effort pour le retrouver et le rétablir. Il convient de saisir la différence entre déisme et théisme. Si déisme vient du latin deus, théisme est formé sur le grec theos. Le déiste, tel le jeune Diderot, affirme qu’il doit y avoir un principe ou un être (Dieu) à la racine de tout ce qui est, mais qu’il n’entretient pas de rapports avec la création en général et les hommes en particulier. À l’inverse du Dieu du théiste, celui du déiste n’est pas un Dieu qui s’exprime, prescrit, récompense ou punit. Voltaire soutiendra, contre le cercle des athées (le baron d’Holbach, La Mettrie, Helvétius), qu’il y a un Dieu – c’est pour lui une sorte d’évidence qu’il tire du spectacle de la nature, et l’on peut lire à ce sujet la « Prière à Dieu » dans le Traité sur la tolérance (lire cahier central). Mais il ajoute que ce Dieu ne délaisse pas les hommes qui lui doivent des comptes. Les hommes savent cette dépendance à Dieu non par les Écritures, mais par la voix de la conscience. Toute la moralité humaine est suspendue à cette expression intérieure de Dieu. C’est pourquoi Voltaire admire « La profession de foi du vicaire savoyard » que son ennemi Rousseau introduit dans le quatrième livre de l’Émile et qui érige la conscience en « instinct divin, immortelle et céleste voix […] juge infaillible du bien et du mal ». À tel point qu’il la réédite en partie lui-même en 1765 dans son Recueil nécessaire où sont réunis dix textes composant un vade-mecum du théiste et un instrument de combat contre le catholicisme.

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