Tim Cook, un conflit de grandeurs
« Certaines choses sont difficiles et certaines choses sont justes. Certaines choses sont les deux », affirme Tim Cook, le directeur général d’Apple, à propos du conflit qui l’oppose au FBI et à son patron, James Comey. Et de fait, c’est, plus qu’un contentieux commercial, un vrai dilemme éthique et juridique qui met aux prises le successeur de Steve Jobs avec les autorités américaines. Celles-ci demandent à Apple de mettre au point un logiciel permettant de déverrouiller le téléphone portable des terroristes de San Bernardino – qui recèlerait de précieuses informations sur cet attentat qui a fait quatorze morts en décembre dernier. Elles ont obtenu d’une juge de Californie qu’elle statue en ce sens au nom de la sécurité publique. Ce à quoi Tim Cook, sans doute également désireux de restaurer dans l’opinion l’image de sa firme, écornée pour sa collaboration avec les services de surveillance américains, oppose son veto, au nom des principes supérieurs du respect de la vie privée et de la sécurité de ses usagers. Il ne veut pas livrer le sésame qui ouvrirait une « porte dérobée » permettant l’accès aux données des utilisateurs d’iPhone. « Si le désir du gouvernement de maximiser la sécurité est louable, la décision sur la manière de le faire tout en protégeant d’autres intérêts vitaux, comme la sûreté personnelle et le droit à la vie privée, est un choix que les citoyens américains doivent faire à travers un processus démocratique. » Tim Cook, garant de nos libertés ? C’est oublier un peu vite que les grandes firmes du numérique, d’Apple à Google, sont aujourd’hui engagées dans une course-poursuite pour récolter le maximum de données sur leurs utilisateurs. Le conflit entre Tim Cook et le FBI n’oppose donc pas seulement deux conceptions de la sécurité, il confronte aussi les citoyens usagers que nous sommes à deux pouvoirs rivaux : celui de Big Brother et celui de Big Data. Nous sommes ainsi pris dans ce que le sociologue Luc Boltanski appelle des « Cités », la cité civique et la cité marchande en l’occurrence, qui ont des dispositifs d’attestation de la « grandeur » des personnes différentes. Et la « grandeur » de Tim Cook et de James Comey nous permet de mesurer notre petitesse.
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