Thérianthropes : quand les hommes se prennent pour des bêtes
Une exposition consacrée aux thérianthropes, figures mi-humaines mi-animales qui hantent les légendes du monde entier, se tient du 16 juin au 30 septembre au musée de Préhistoire de Lussac-les-Châteaux, dans la Vienne (86). Retour sur un motif anthropologique qui connaît aujourd’hui un regain d’intérêt, avec le développement surprenant d’une communauté de thériens… dont les membres s’identifient à des animaux.
S’il est toujours risqué de chercher des invariants à travers les cultures du monde, les thérianthropes (du grec thêríon, θηρίον, « animal sauvage », et ánthrôpos, ἄνθρωπος, « être humain ») semble tout de même en constituer un. En tout cas, on en trouve ces figures mi-humains mi-bêtes aux quatre coins du monde, et des légendes de transformations partielles ou totales entre les règnes à travers toute l’histoire, comme l’observe Mircea Eliade dans Rites and Symbols of Initiation (1965). La plus connue de ces figures est certainement celle du loup-garou, qui s’est largement diffusée en Europe.
L’interprétation de la thérianthropie a connu deux grandes étapes, comme le souligne l’anthropologue Stanley Walens dans The Encyclopedia of Religion (1987) :
- Dans un premier temps, et dans le cadre de l’étude des religions, « l’idée d’une divinité mi-humaine mi-animale était considérée comme une étape décisive dans l’histoire de l’humanité, à mi-chemin entre l’identification totémique du chasseur et de la proie qui était censée caractériser les religions sauvages et les divinités anthropomorphiques de la civilisation. L’apparition de divinités thérianthropiques était interprétée […] comme une survivance des idées sauvages dans les religions ultérieures ».
- Dans un second temps, la remise en question du partage primitif/civilisé a conduit à une vague de réinterprétation du phénomène. Dès lors, « les animaux sont considérés comme des emblèmes de principes, comme des véhicules permettant d’exprimer symboliquement des vérités existentielles sur la condition humaine. Les images thérianthropiques juxtaposent deux principes dans un être unifié. Ce n’est donc pas l’animalité de l’image qui importe, mais sa dualité, son ambiguïté, sa nature de type dialectique qui contraste et synthétise simultanément deux principes métaphoriques opposés – des […] catégories non contiguës rendues continues (culture-nature, sauvage-domestiqué, rationnel-émotionnel, indépendant-soumis, etc.) ».
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