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William Dyce, Franscesca da Rimini, 1837 © National Galleries of Scotland, Edinburgh / Bridgeman Images

Exposition

Philippe Malgouyres : “Pour l’Homme, la Lune est un modèle d’impermanence”

Philippe Malgouyres publié le 04 avril 2019 4 min
“Un petit pas pour l’Homme, un grand pas pour l’Humanité”, c’était en 1969. À l’occasion du cinquantième anniversaire du premier alunissage, le Grand Palais consacre une exposition au rapport que l’homme entretient avec la Lune. Entretien avec l’historien de l’art Philippe Malgouyre, conservateur en chef du patrimoine au musée du Louvre et co-commissaire de l’exposition “La Lune. Du voyage réel aux voyages imaginaires”, au Grand Palais.

L’exposition se déroule à l’occasion du cinquantième anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune. Qu’avez-vous voulu montrer ? 

Philippe Malgouyres : Ce n’est pas une exposition sur la Lune, il n’est pas question de technologie ni de culture populaire. C’est une exposition d’art qui s’intéresse aux relations de l’homme avec la Lune, dont le voyage, en 1969, n’est peut-être l’une des formes les plus extrêmes. Nous avons voulu désamorcer immédiatement tout effet de construction théorique. Il ne s’agissait pas d’analyser les représentations de la Lune à travers les âges ou les lieux. Nous avons préféré dégager anthropologiquement les formes de relations que nous avons entretenu avec elle, de façon plus ou moins constante. 

 

Quel parcours avez-vous conçu ?

L’exposition débute par l’entreprise du voyage sur la Lune, qui a coûté beaucoup d’argent, a suscité un engouement extraordinaire, mais n’a eu quasiment aucun intérêt scientifique ou technologique. Il s’agissait d’abord d’un geste symbolique, qui assurait aux Américains la primauté dans l’espace. Nous présentons des objets utilisés pour les missions Apollo, mais aussi des interprétations de ce voyage, par des artistes contemporains. 

Ensuite, nous nous penchons sur la Lune comme objet d’observation, à partir de l’âge scientifique, où des instruments – la lunette, puis le télescope – permettent de la voir en dépassant la limite de nos sens. Y est exposé le premier dessin réalisé, avec une lunette, un peu avant Galilée. Tout un effort de cartographie se déploie alors, qui est immédiatement investi par l’imaginaire, ne serait-ce que par les noms qui sont donnés aux reliefs lunaires. 

Au centre de l’exposition, la figure d’Hécate présente les trois visages de la Lune : Diane, Luna et Séléné. La lune caressante, changeante ou menaçante. La nature ambivalente de l’astre caractérise la relation que l’homme entretient avec elle. Représentée tantôt comme un homme, une femme ou un animal, elle est un modèle d’impermanence, qui rythme le temps, et sur lequel on fixe des calendriers. Elle est une lumière qui réconforte dans la nuit, aimante comme dans le mythe d’Endymion, lorsqu’elle s’amourache d’un homme. Mais elle est aussi l’astre qui règne sur la nuit, sur les démons et sur ce qu’il y a de plus irrationnel. Elle devient extrêmement importante au XIXe siècle, avec le symbolisme. À d’autres moments, elle est plus anecdotique. 

La dernière partie de l’exposition renvoie à la contemplation et à la poésie. 

 

Philosophiquement, la Lune est assez peu présente dans les textes. Quelles ont été vos sources ?

La Lune est comme une image qui porte en elle sa déception. Elle est sollicitée par les philosophes de façon périphérique, par opposition au Soleil par exemple, pour exemplifier le rapport d’une chose à son reflet. Elle est présente mais jamais clairement centrale. Tous les philosophes antiques en parlent à un moment ou un autre, notamment Plutarque. Nietzsche n’aime pas du tout la Lune, qui relève d’une soupe informe. Dans un passage d’Ainsi parlait Zarathoustra, il fait un jeu de mot sur l’immaculée conception / cognition de cette lune des idéalistes, qui nous éloigne de la réalité. 

 

Les avancées scientifiques ont-elles une incidence sur l’histoire des représentations ?

L’idée du rapport de la connaissance à l’art est une idée qui paraît s’imposer, mais elle n’est absolument pas fondée. Une bonne analogie pour le comprendre, c’est la découverte de l’Amérique, sans doute l’un des événements les plus importants depuis la création du monde. Il n’a eu aucune influence immédiate sur les arts. Si l’on regarde les œuvres peintes en 1492 et 1500, rien ne témoigne de ce choc historique. De même, des artistes ont pu commenter les premiers pas de l’homme sur la Lune de façon sociétale, mais globalement l’imaginaire de cet astre n’a pas été modifié. L’imaginaire naît du désir d’imaginer : dans un objet comme la Lune, l’homme projette quelque chose de lui-même. 

 

À propos de la lune, Mircea Eliade parle de « synthèse mentale », dans sa Nouvelle Philosophie de la Lune. Quel est le statut de ces objets hors de portée, à la fois réels et imaginaires ?

Que la lune soit personnifiée manifeste la nécessité d’établir une relation avec une forme, dans lequel pouvoir se projeter. Difficile d’entretenir une relation avec une masse de caillou qui flotte dans l’espace. Par une incarnation, il tout de suite plus évident de projeter des histoires. L’art a une certaine logique à un moment donné, parce qu’il exprime des idées dans lesquelles les contemporains se reconnaissent. L’influence de la Lune sur les cheveux ou les salades est une croyance continue depuis le Moyen Âge, mais elle n’apparaît pas dans l’art. On ne doit pas être naïf ! C’est pourquoi je n’ai cherché à démonter aucune croyance ni à montrer aucun lien de causalité. En spécialiste du XVIIe siècle, je me suis notamment penché ici sur les représentations de l’immaculée conception. Ce sont les relations spirituelles et symboliques que nous entretenons avec certains objets qui sont au cœur de mon travail. Au Louvre, je m’occupe aussi d’objet matériels, mais ce qui me passionne, c’est ce qu’ils expriment d’intangible. 

À voir : La Lune. Du voyage réel aux voyages imaginaires / Galeries nationales du Grand Palais jusqu’au 22 juillet 2019


Abraham Janssens, L’Inconstance, vers 1617 © SMK Photo / Jakob Skou-Hansen

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