Théia, la planète qui a fracassé la Terre

Les entrailles de la Terre abritent les restes d’une ancienne planète qui a percuté la nôtre il y a 4 milliards d’années : telles sont les conclusions d’une équipe de l’Institut de technologie de Californie. De quoi ébranler l’idée d’harmonie du cosmos et rappeler que le Chaos est à l’origine de toute chose.

De la géologie à l’astronomie, il n’y a parfois qu’un pas. Étudiant deux gigantesques anomalies du manteau terrestre, une équipe de scientifiques de l’Institut de technologie de Californie est parvenue à la conclusion suivante : ces poches de haute densité seraient le reliquat d’une proto-planète entrée en collision avec la Terre il y a plus de quatre milliards d’années, dont l’autre partie aurait donné la Lune. L’idée que la Lune puisse être le résultat d’une collision de ce type n’est pas neuve – on la trouve déjà en 1956 sous la plume du géologue Canadien Reginald Aldworth Daly. L’impacteur planétaire a depuis été baptisé Théia, du nom de la mère de Séléné, déesse de la Lune. Mais l’ampleur des traces de cet impact hypothétique au sein même du sol terrestre restait jusqu’alors inconnu.

La présence souterraine de Théia au cœur même du manteau terrestre apparaît comme un rappel ou un avertissement : l’ordre cosmique n’est pas premier dans le temps. Il n’est que le produit contingent d’un désordre primitif. Le cosmos organisé n’a rien d’une harmonie préétablie. Il n’est pas cet ordonnancement éternel de corps célestes effectuant, sans début et sans fin, leur révolution sans jamais se heurter. Les recherches les plus contemporaines soulignent combien l’avènement de l’Univers tel que nous le connaissons est le résultat de collisions incessantes et de forces élémentaires entrant en conflagration. Mais les Grecs, déjà, en avait l’intuition.