Récits de philosophes en guerre (1/2) : Bergson, Wittgenstein, Alain et Jünger
La guerre n’est pas seulement affaire de géopolitique ou d’armement. Elle est aussi une réalité vécue par des hommes et des femmes, dont de nombreux philosophes ont eux-mêmes fait l’expérience au XXe siècle. Tour d’horizon des penseurs aux prises avec la Première Guerre mondiale, dans ce premier volet que nous consacrons aux récits de philosophes en guerre.
Retrouvez ici notre deuxième volet sur cette question, consacré à la Seconde Guerre mondiale.
Bergson : l’entrée en guerre
S’il rédigea plusieurs « discours de guerres », si ses positions exercèrent une certaine influence sur les « quatorze résolutions » du président américain Woodrow Wilson, Bergson ne prit pas part au premier conflit mondial en tant que soldat. Il témoigne cependant, dans Les Deux Sources de la morale et de la religion (1932), de l’état singulier que provoqua l’entrée en guerre :
« Lorsque, le 4 août 1914, dépliant un numéro du Matin, je lus en gros caractères “L’Allemagne déclare la guerre à la France”, j’eus la sensation soudaine d’une invisible présence que tout le passé aurait préparée et annoncée, à la manière d’une ombre précédant le corps qui la projette. Ce fut comme si un personnage de légende, évadé du livre où l’on raconte son histoire, s’installait tranquillement dans la chambre. À vrai dire, je n’avais pas affaire au personnage complet. Il n’y avait de lui que ce qui était nécessaire pour obtenir un certain effet. Il avait attendu son heure ; et sans façon, familièrement, il s’asseyait à sa place. […] Qui aurait cru qu’une éventualité aussi formidable pût faire son entrée dans le réel avec aussi peu d’embarras ? Cette impression de simplicité dominait tout. »
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