Qui décide de la morale d’un réseau social ?

Le nouveau réseau social Threads, concurrent de X [anciennement Twitter], a été lancé en Europe jeudi dernier. Qui est responsable du style, des comportements et de la vertu des membres de tel ou tel réseau social ? Le réseau lui-même ou les individus qui l’utilisent ? La réponse avec Jacques Ellul, penseur de la technique.

L’« application Instagram » Threads, fraîchement lancée en Europe, sera-t-elle vertueuse ou vicieuse ? Amicale ou désagréable ? S’enverra-t-on de l’amour, du soutien et de la tolérance… ou du fiel, du cynisme et des infox en pagaille ? En l’occurrence, la nouvelle application est prise en étau entre deux réseaux sociaux aux traditions très différentes.

D’un côté, Threads est la jumelle et la concurrente de X [anciennement Twitter]. Sa fonctionnalité est la même : faire du « micro-blogging », soit rédiger des messages courts sur un fil d’actualité qui se réactualise en permanence. Mais l’application est également issue de la multinationale Meta, détenue par Mark Zuckerberg, qui comprend Facebook et désormais surtout Instagram. C’est de ce dernier réseau social, consacré à l’image et à la vidéo, que sont issus la plupart des usagers actuels de Threads. Là où X est connu pour son cynisme très caustique, voire cruel, Instagram est plus généralement associé à une forme (toute relative) de bienveillance. Deux salles, deux ambiances, donc.

De quel côté penchera Threads ? Que deviendra-t-il ? Les premiers pas des nouveaux usagers sur l’application étaient marqués par une forme d’enthousiasme un peu béat. À titre d’exemple, le premier « thread » du média Konbini était « Venez, on s’aime et on est bienveillant ici ❤️ ». Mais rapidement, et aux dires des utilisateurs eux-mêmes, les choses se sont gâtées. Bien vite, la pratique du « trolling » – qui consiste à piéger les usagers par des blagues absurdes ou des moqueries – propre à X/Twitter a commencé à faire surface.

La fonction fait le comportement