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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Édouard Caupeil pour PM

Quelles lignes pour la droite ?

Rama Yade, Chantal Delsol, propos recueillis par Martin Legros publié le 20 juillet 2012 14 min

Face au défi du Front national, la droite doit-elle faire barrage au nom de l’idéal républicain ou élaborer un nouveau programme intégrant populisme, valeurs traditionnelles et libéralisme ? C’est l’un des enjeux de la présidentielle sur lequel s’opposent en toute franchise la philosophe Chantal Delsol et la politicienne Rama Yade.

Dans un ouvrage qui a fait date, Les Droites en France (Aubier, 1954), le politologue René Rémond soutenait qu’il y avait dans notre pays trois droites : la droite contre-révolutionnaire, attachée à la défense de la patrie et des traditions, la droite orléaniste ou libérale, tournée vers la modernisation et le progrès, et la droite bonapartiste, attachée à l’idée du grand homme. Pour faire vite : Pétain sous Vichy, Giscard d’Estaing, de Gaulle.

Aujourd’hui, la droite continue d’être divisée, mais les lignes de rupture bougent. Ce dialogue qui s’est tenu dans le « salon chinois » de l’hôtel Costes, entre la politicienne Rama Yade et la philosophe Chantal Delsol, en est révélateur. Le ton n’est jamais monté, pourtant elles ont fermement énoncé leurs désaccords. Rama Yade a réaffirmé les valeurs de la République contre celles du Front national, mais aussi contre le multiculturalisme et le libéralisme à l’américaine. Elle s’en est donc tenue à une ligne bonapartiste (au sens de Rémond), revendiquant l’héritage gaulliste et républicain. Tout en étant libérale, Chantal Delsol pense, quant à elle, qu’il faut rattacher le Front national à la droite majoritaire et renoncer à l’idée d’intégrer toutes les minorités dans une communauté nationale unifiée. Elle propose une fusion assez originale de la tradition et du multiculturalisme. Et c’est cela, la nouveauté : la droite contre-révolutionnaire et la droite orléaniste faisant cause commune. À droite, les ennemis de la République seraient en train d’unir leurs forces ! Le combat s’annonce serré…

 

Chantal Delsol : Spontanément, quand on pose la question, « Qu’est-ce qu’un bon Président ? » dans le contexte français, on pense au général de Gaulle et à sa stature héroïque. Cependant, c’est la Seconde Guerre mondiale qui a porté au pouvoir ce prototype même du « grand homme » ou du personnage historique majeur. Aujourd’hui, le contexte n’est plus aussi exceptionnel, l’héroïsme a cessé d’être une valeur indispensable. En temps de paix, nous avons tendance à demander à notre Président d’être compétent davantage qu’extraordinaire. Et cela me semble raisonnable.

 

Rama Yade : Mais non ! Les circonstances sont loin d’être aussi normales que vous le dites. N’oubliez pas que nous avons traversé en 2008 une crise financière dont tous les analystes s’accordent à dire qu’elle est la plus grave depuis 1929. Dans de tels moments, on attend du Président un caractère et une action exceptionnelle ; et je crois que les électeurs s’accordent à reconnaître que Nicolas Sarkozy a été à la hauteur à cette époque. Mais d’un autre côté, la France a ses traditions : la Ve République est un régime qui conserve une assise et des symboles monarchiques, avec la sacralité et le caractère exceptionnel qui fondent ce type de pouvoir. Ceci explique qu’un grand nombre de Français aient été choqués par le style décontracté de Nicolas Sarkozy, un style censé rapprocher le Président des vraies gens. Ainsi, l’héroïsme et un certain surplomb demeurent des conditions importantes de l’exercice de la fonction présidentielle en France. En tout cas aux yeux des Français.

 

C. D. : La crise économique et financière est effectivement grave, mais enfin… nous ne sommes pas acculés à la famine, et la survie n’est pas en jeu. En 1914, des millions de jeunes hommes ont pris le train pour aller se battre à la frontière allemande. Voilà ce que j’entendais par circonstances exceptionnelles. Par contre, je pense que vous touchez à un point très juste : personne ne reproche au Président actuel d’être incompétent, et la plupart des critiques ont trait au comportement.

 

« Les électeurs ne se jettent pas dans les bras de Marine Le Pen parce qu'elle porte des solutions efficaces, mais parce que la classe politique les a déçus, voire mis en colère »

Rama Yade

R. Y. : Oui, mais ces questions de comportement sont devenues sensibles seulement parce que nous hésitons sur la nature de notre régime politique. Souhaitons-nous aller vers un modèle américain, où le Président est jugé sur sa vie privée, ses croyances religieuses, sa moralité et son dynamisme, ou préférons-nous une figure présidentielle inaccessible, statufiée, entourée des ors de la République ? Quant à cette République, qu’attendons-nous d’elle ? Qu’elle continue d’être laïque et de promouvoir l’intégration de toutes les minorités ou qu’elle évolue vers un modèle multiculturaliste ? Notre nation se cherche actuellement… Ce qui est certain, c’est qu’on ne peut pas continuer à vivre, comme aujourd’hui, avec un fossé séparant les Français « canal historique » et les enfants d’immigrés, pas plus qu’on ne peut rester avec ce passé colonial non digéré… Il va falloir régler cet impensé majeur de notre vie politique.

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