L’œil d’Ulysse

Enfin débarrassés du cheval de Troie du libéralisme

publié le 3 min

Rien ne sert de se lamenter ! Ce qui est fait est fait. Les Britanniques ont voté, et rien ne serait plus absurde – et finalement contre-productif – que de réclamer une annulation du scrutin ou une nouvelle consultation. La seule solution est de se montrer malin et de ruser avec l’événement. Entre le catch et la prostration, le judo utilise les forces de l’adversaire pour le faire chuter. C’est le sport favori des grands politiques. Il vaut mieux entendre, sans y céder, le chant des sirènes (du populisme anti-Europe), plutôt que de se boucher les oreilles. Et tirer parti de la situation.

Comment réagir en pragmatique ? Tout d’abord, en comprenant que dire bye bye aux Britanniques ne sera pas forcément une catastrophe pour le projet européen. Depuis quarante ans, ils négocient chaque traité européen à la carte, voulant profiter au maximum des avantages de l’Union sans rien concéder. C’est ainsi qu’en 1985, Margaret Thatcher a obtenu un rabais de 66 % sur la participation du Royaume-Uni au budget communautaire ; que ce dernier n’est pas entré dans l’espace Schengen et a maintenu le contrôle à ses frontières ; qu’il a refusé de passer de la livre à l’euro lors de la signature du traité de Maastricht en 1992 ; qu’il s’est exempté de la directive sur le temps de travail maximum, quarante-huit heures hebdomadaires ; ou encore qu’en février dernier, David Cameron a engagé d’âpres tractations pour obtenir que ses concitoyens soient dispensés de l’obligation de former avec les autres peuples européens « une union toujours plus étroite », ce qui est pourtant prévu par nos accords depuis 1957… À ce petit jeu égoïste, qui consiste à abuser de la bonne volonté des autres tout en pinçant la bouche dès qu’une concession est demandée, ils viennent de perdre la mise ! Ils ne seront plus là pour freiner les initiatives pro-Europe. La mésaventure britannique constitue un avertissement pour tous les petits malins qui aimeraient suivre leur exemple, au Danemark, en Suède, aux Pays-Bas ou ailleurs. Une mise en garde qui, en plus, ne coûte rien à Bruxelles.

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La dissertation
Une dissertation n’est ni un journal intime, ni une restitution de cours. Pour éviter le hors-sujet, il faut savoir approcher l’énoncé et formuler une bonne problématique. 
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