Quand un penseur inspire la gauche espagnole
En s’inspirant des théories du politologue irlandais Philip Pettit, le Premier ministre Jose Luis Zapatero a profondément modifié le paysage politique et social de l’Espagne. Un modèle d’échange fructueux entre un penseur et un politique… et une piste pour la gauche française qui se cherche ?
Le parti socialiste français cherche un nouveau premier secrétaire et la bataille à l’approche du Congrès de Reims (du 14 au 16 novembre prochain) s’annonce rude. Deux récents sondages attestent que la gauche traverse une crise de leadership. Pour 52 % des Français interrogés, le PS ne joue pas son rôle d’opposant au gouvernement, tandis que 66 % pensent que le PS n’a pas de dirigeant de qualité (Ifop pour l’hebdomadaire Marianne). De plus, aucun des candidats socialistes ne pourrait devancer Nicolas Sarkozy au premier tour si l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui (CSA pour Ouest France). Mais, au-delà même des rivalités de personnes, le PS peine à proposer des idées et un langage politique novateurs.
L’impasse de la gauche française n’est pas une généralité européenne. Malgré l’actuelle récession – éclatement de la bulle immobilière, hausse du chômage – l’Espagne du socialiste Jose Luis Zapatero innove. Depuis son arrivée au pouvoir, celui qu’on surnomme le « champion des causes sociales » s’est progressivement délesté de l’héritage idéologique classique de la gauche. Les réformes entreprises dès son premier mandat (2004-2006) dans l’éducation, la justice ou encore sa politique d’immigration s’inspirent de l’œuvre du philosophe irlandais Philip Pettit, professeur à Princeton et penseur du « néorépublicanisme ». Au centre de la théorie de Pettit, le concept de « liberté comme non-domination », principe habile permettant d’éviter les pièges du libéralisme comme du dirigisme étatique. La collaboration Zapatero-Pettit en rappelle une autre, celle de Tony Blair et d’Anthony Giddens à l’origine de la troisième voie du Labour anglais dans les années 1990. Mais si Giddens était un proche de Blair et un idéologue, le rôle de Pettit reste confiné à celui d’expert. D’abord invité à présenter sa théorie lors d’une simple assemblée du parti en 2004, Pettit a finalement accepté d’évaluer en détail l’appareil étatique espagnol avant la réélection de Zapatero en avril dernier. De cette collaboration est né Examen a Zapatero (Temas de hoy), un essai de philosophie appliquée qui se fonde sur l’œuvre maîtresse de Pettit, Républicanisme. Une théorie de la liberté et du gouvernement (Gallimard). Pettit n’offre certainement pas de solution miracle, tout au plus une façon renouvelée d’unifier un projet de société sous un modèle théorique capable de donner corps à une série de réformes.
Zapatero réforme l’Espagne en appliquant la notion de non-domination
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