Pourquoi “Toy Story” est un film d’animation philosophique
Réponse évidente: un jouet répond à sa fonction. Donc, il joue. Il est fabriqué pour ça. Il joue de deux manières: soit il le fait entre les mains de son maître, l’enfant qui l’a reçu. Soit il le fait quand celui-ci a le dos tourné.
Il y a alors deux options. Soit on sait qu’on est un jouet et rien d’autre. Soit on colle aux aventures, au monde pour lequel on a été crée. Woody, la poupée de tissu, sait très bien qu’elle n’est pas un cavalier du Far West – mais l’un des jouets préférés de son maître. En revanche Buzz l’Éclair croit sincèrement que sa mission est de sauver la planète. Et qu’il sait voler.
C’est le thème de Toy Story 1. Lorsqu’il comprend qu’il n’est pas un ranger de l’espace, Buzz traverse une crise d’identité. Mais il finit par apprendre la distance vis-à-vis de lui-même, qui lui permettra d’assumer son statut ontologique de jouet.
Dans Toy Story 2, Woody est enlevé par un trafiquant qui veut le vendre à un musée au Japon . Il a le choix entre devenir un jouet de collection, immortel, qu’on admire, mais qui perd sa liberté, ou un simple jouet de chambre d’enfant. Tel Ulysse à qui Nausicaa propose l’immortalité et le bonheur, il préfère sa condition et le retour parmi les siens.
La question de l’être-pour-la-mort occupe Toy Story 3. Comme les hommes, les jouets sont voués à la destruction. Comment l’accepter, et bien mourir? Le film comporte une incroyable séquence de mort imminente — de celles qui peuvent marquer une vie d’enfant.
Dans le quatrième volet se pose la question de la création d’une unité à partir d’éléments divers. La petite fille fabrique un jouet à partir d’une fourchette. Le problème est que la fourchette ne comprend pas qu’elle a changé de statut. Dès qu’elle voit une poubelle, elle plonge dedans. Il faudra le rapport à autrui, c’est-à-dire la solidarité des autres jouets, et la révélation de leur propre précarité, pour accepter d’être un être composé d’éléments multiples.
Jeu et philosophie, pour aller plus loin :
- Sur Pixar: Génie de Pixar, par Hervé Aubron (éditions Capricci, 2011)
- Sur l’identité: Les Embarras de l’identité, par Vincent Descombes (Gallimard, 2013)
- Sur les jouets: Petite Métaphysique des jouets, par Nicolas Witkovski (éditions de la Martinière, 2011)
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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