“Bambi”, un conte sanglant… et philosophique

Le film produit par Walt Disney retrace le destin d’un faon, Bambi, qui va devoir faire face à de nombreuses épreuves, dont la menace de chasseurs. Fils du cerf Grand Prince, respecté de tous, il a vocation à devenir le prochain protecteur de la forêt. Après avoir perdu sa mère tuée par des humains, il grandit seul et tombe amoureux de Féline, une jeune biche.

Ce Bambi de 1942 n’a rien de bien dérangeant. Il reproduit un modèle patriarcal : la rupture de la dépendance mère-fils vers une quête de la virilité, la vulnérabilité de la mère, et l’autorité suprême et protectrice du père. Et, bien sûr, nous sommes chez Disney, alors la fin est prévisible : le printemps revenu, tous les animaux sont assemblés pour accueillir les deux faons nouveau-nés de Féline et de Bambi. 

Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois, le roman de Felix Salten dont est tiré le film, est plus riche qu’un récit sur l’enfance d’un chef, c’est une réflexion existentielle et tragique. L’auteur austro-hongrois nous plonge dans quelque chose de plus profond que le mythe occidental et masculin de la formation d’un jeune en chef.

Felix Salten, un auteur pas seulement pour la jeunesse

De son vrai nom Siegmund Salzmann, Felix Salten, auteur autrichien de culture hongroise, s’est fait connaitre grâce à la publication de Josefine Mutzenbacher. Histoire d’une fille de Vienne racontée par elle-même. Le roman, qui n’est d’abord pas signé, est publié en 1906 sous le manteau. L’érotisme de l’ouvrage fait scandale : il raconte la vie sexuelle débridée d’une très jeune fille qui la mène jusqu’à la prostitution. Bien qu’écrit à la première personne, le public ne croit pas qu’une prostituée puisse écrire un roman si pornographique et choquant. Cet ouvrage est rapidement attribué à Felix Salten, qui gagne en célébrité. En 1923, il publie Bambi. L’histoire d’une vie dans les bois, fable animalière tout aussi dérangeante et poignante.