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Banlieue de Sydney (Australie), le 9 janvier 2020. Un kangourou sauvé par un bénévole de l’association australienne Wires, qui s’attache à recueillir et remettre en liberté la faune touchée par les incendies dévastant périodiquement le territoire australien. © Saeed Khan/AFP

Nature

Pourquoi nous sommes fascinés par les sauvetages d’animaux

Ariane Nicolas publié le 11 juillet 2021 3 min

Sur les réseaux sociaux, il ne se passe pas une semaine sans qu’une vidéo de ce type ne devienne virale. Les sauvetages des animaux font partie des images dont raffolent les internautes. Récemment, c’était le sauvetage d’un éléphanteau en Inde, aidé par un engin de chantier pour sortir d’une crevasse. Plus ancienne, cette vidéo d’une chaîne humaine pour sauver un chien d’un canal avait été vue des millions de fois. Il en existe une myriade à l’avenant, avec toutes sortes d’animaux, familiers comme sauvages.

Ces images d’êtres humains se mettant au service des bêtes sont très émouvantes. Mais pourquoi sont-elles si populaires ? Qu’est-ce qui se joue, symboliquement, dans ces actions ? Une première hypothèse consisterait à dire que ces sauvetages représentent une forme de bonté suprême : des dons à l’état pur. C’est sans doute vrai. Mais le contexte écologique peut mettre sur une autre piste : celle d’une urgence face à la sixième extinction des espèces, où la protection des animaux ferait place à la nécessité de les sauver, de façon quasi biblique. Petite analyse.

 

  • Les vidéos de sauvetage d’animaux ne sont pas tout à fait nouvelles. On se souvient par exemple de Brigitte Bardot qui, en 1977, alertait contre les massacres des bébés phoques chassés pour leur fourrure : « Ce que c’est mignon... Comment on peut les tuer ? C’est dégueulasse », s’insurgeait-elle, câlinant l’un d’eux sur la banquise. Il s’agissait alors de mettre les animaux sauvages à l’abri de la cruauté humaine et de pratiques jugées inutiles, telles que le commerce de la fourrure. Dans ce cas de figure, la protection animale revêt une dimension éthique : sauver un animal, c’est assumer une responsabilité envers des êtres faibles, comme le souligne Milan Kundera dans L’Insoutenable légèreté de l’être (1984) : « La vraie bonté de l’homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu’à l’égard de ceux qui ne représentent aucune force. Le véritable test moral de l’humanité, ce sont les relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. » Épargner celui ou celle que l’on pourrait tuer, voilà la vraie dignité de l’être humain, selon l’écrivain tchèque.
  • Depuis une dizaine d’années, la protection des animaux a toutefois pris une nouvelle dimension. Dans un contexte de sixième extinction de masse, causée par l’expansion démographique et le changement climatique, l’urgence est d’abord d’éviter que les animaux ne disparaissent, tout bonnement. Dès lors, toute image signalant cette catastrophe en cours suscite une forte mobilisation en ligne. Pendant les incendies dantesques en Australie début 2020, causés par le réchauffement de la planète, cette photo d’un bébé kangourou pris au piège dans les flammes avait brisé le cœur de millions d’internautes. Ainsi, la préservation, c’est-à-dire la sauvegarde des espèces par des ONG comme WWF ou des programmes locaux, ne semble plus à la hauteur des enjeux : il faut désormais sauver les animaux d’une probable mort groupée, à plus ou moins long terme.
  • Mais à travers les animaux, l’être humain n’espère-t-il pas symboliquement se sauver lui-même ? On peut en effet déceler une composante réflexive – pour ne pas dire narcissique – dans ces sauvetages animaliers. Les souffrances infligées par Homo sapiens à la planète ont en effet de quoi rendre misanthrope : de nos jours, l’idée que l’espèce humaine est nocive gagne du terrain, notamment chez les jeunes. Il est bien vrai que les animaux n’ont rien demandé. S’intéresser à eux, cela peut représenter un moyen de se racheter une conscience morale. Dans Les Racines du ciel (1956), Romain Gary décrit très bien comment un misanthrope (Morel) peut se prendre de passion pour la défense de non-humains, en l’occurrence des éléphants : « Chez ceux qui se laissaient parfois aller au manque d’espoir et de confiance, et attendaient depuis longtemps un signe d’encouragement, la protestation de Morel éveillait un enthousiasme étonnant. » Le personnage prévient même : faute de « tenir moins de place » sur Terre, « l’homme lui-même finira par devenir un luxe inutile ». Telle est une définition possible du salut, dont l’étymologie renvoie au sauvetage : sauver autrui permet aussi de se sauver soi-même.
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