Pourquoi aimons-nous nager ?
Nous ne sommes pas des mammifères marins et, pourtant, nous nous glissons dans l’eau avec délice. Plongée dans un paradoxe philosophique !
Nous sommes nombreux à avoir profité de l’été pour nous plonger dans la mer, les rivières, ou pour retourner à la piscine.
Ce qui nous semble aujourd’hui évident n’a pourtant rien d’un comportement naturel : la découverte des sports nautiques et la création des plages n’a qu’un siècle d’existence. Auparavant, il fallait une bonne raison pour se plonger dans cet élément froid, étranger et dangereux. Les noyades et les malaises sont encore fréquents.
Qu’est-ce qui pousse les animaux terrestres que nous sommes à nous immerger dans l’eau ? C’est que nous y redécouvrons notre corps de manière étonnante. Nous y dépassons nos peurs archaïques. Nous nous y débarrassons du poids des conventions sociales en retrouvant une légèreté bienfaisante. Et puis nous y améliorons la vie de notre corps.
Nager. Pourquoi ça nous angoisse ?
- L’eau n’est pas faite pour l’homme. L’évolution a fait de nous des animaux terrestres. Les bipèdes que nous sommes sont adaptés à la terre ferme, qu’ils parcourent et aménagent. Si nous sommes sortis de l’eau, ce n’est pas pour y replonger.
- L’eau est un élément hostile. Elle agresse le corps. Elle est également dangereuse. 1 960 noyades ont été recensées en France en 2018. N’oublions pas que l’amour de la baignade est une passion très récente à l’échelle de l’histoire de l’humanité. Elle date seulement du XIXe siècle. Auparavant, l’eau était utilisée pour des raisons utilitaires : on y pêchait des poissons, elle était un moyen de transport. Or, bien souvent, les marins et les pêcheurs n’aiment pas nager.
- L’aquaphobie est une crainte archaïque. Elle réactive l’angoisse profonde de tomber, de couler au fond et de mourir.
Pourquoi ça nous fait du bien ?
- L’immersion dans un milieu étranger nous fait spontanément redécouvrir notre monde intérieur, celui de notre corps. C’est une redécouverte de soi par contraste avec l’extérieur. Comme l’écrit le philosophe Pierre Cassou-Noguez dans Métaphysique d’un bord de mer, « je me découvre alors moi-même comme une sphère de vécus, plus profonde que l’être humain et que le corps naturel, au bout de laquelle se déploie l’extériorité ».
- Nager est une conquête, celle d’un savoir-faire, qui n’a rien d’abstrait, mais qui nécessité de bien rythmer ses mouvements. Gilles Deleuze, pour tenter de décrire la connaissance chez Spinoza, prend l’exemple de la nage. Celle-ci n’est pas uniquement le fruit d’un calcul mathématique, d’un savoir abstrait. Elle est la création et la mise en pratique d’un véritable savoir-faire, qui s’acquiert avec le temps et l’expérience : « Je plonge au bon moment, je ressors au bon moment. J’évite la vague qui approche, ou, au contraire je m’en sers, etc. Tout cet art de la composition des rapports. » L’acquisition de ce savoir permet de surmonter sa peur primitive de l’élément aquatique.
- Nager nous libère de la pression sociale que nous subissons sur terre. Dans l’eau, nous sommes comme en apesanteur. Nous ne dépendons plus du regard d’autrui. Nous avons souvent un sentiment de légèreté et de liberté.
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