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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Ravi Roshan/Unsplash

La petite question

“Plaisir coupable” : faut-il en finir avec la mauvaise conscience ?

Samuel Lacroix publié le 13 janvier 2023 9 min

À l’heure de l’hyperconnexion et de la crise écologique, le moindre des plaisirs – se faire livrer une pizza, acheter un vêtement ou un livre, prendre un bain – peut s’avérer coupable. Mais cette mauvaise conscience peut tout aussi bien déboucher sur un renoncement ascétique à la satisfaction que sur une nouvelle culture du plaisir. Voies de sortie avec Jankélévitch et Aristote.

 

Regarder la Coupe du monde au Qatar, prendre un bain ou l’avion, commander des livres sur Amazon, un VTC sur Uber, un plat sur Deliveroo, voire regarder une vidéo pornographique… aucune de ces actions n’est anodine. Toutes peuvent augmenter notre confort ou notre plaisir. Mais toutes entretiennent a priori l’exploitation, l’injustice et la pollution. On peut décider de renoncer à certaines d’entre elles, rarement à toutes, alors même qu’elles sont contraires à nos principes et peuvent nous faire éprouver du remords.

“Video meliora proboque, deteriora sequor”

Parfois, on n’y pense simplement pas : j’ai envie de regarder un match de football de Coupe du monde, je le regarde, je ne me pose pas de question. Mais il n’est pas rare que l’on éprouve un petit tiraillement avant (dans ce cas) d’allumer la télé, ou d’ouvrir une quelconque application de livraison à domicile telle qu’Uber Eats. Retour à Ovide : « Video meliora proboque, deteriora sequor », « Je vois le meilleur, je l’approuve, et je fais le pire ». Nous savons bien qu’il serait plus raisonnable, plus juste de ne pas faire ce que nous désirons faire, et nous le faisons quand même. C’est la définition de l’acrasie.

C’est que, malgré la mauvaise conscience, rien à faire, ça nous fait plaisir. Notre intention profonde est d’obtenir un agrément ; au pire, cela fait de nous des égoïstes, pas des méchants, nous n’avons pas cherché à faire de mal et si nous avions la possibilité d’obtenir la même satisfaction aussi facilement et sans causer de tort à personne, nous le ferions. Ensuite, le mal que nous pouvons faire est indirect : nous n’avons pas tué d’ouvrier qatari de nos mains et le bain qu’on s’est fait couler n’entraîne pas dans la seconde une pénurie d’eau potable. Par ailleurs, être vertueux demanderait un effort ou un renoncement, tandis que demeurer dans ses confortables habitudes est très facile. Alors que les temps sont durs et incertains, nous n’avons pas envie de nous priver : n’avons-nous pas le droit de penser aussi à nous-même et de nous accorder un peu de détente à peu de frais ? Enfin, nous n’aimons pas être privés de l’exercice de notre liberté et nous sentir entravés, fût-ce pour des raisons vertueuses, comme en témoigne notre agacement devant ce qu’on a coutume d’appeler les « leçons de morale ». Pour toutes ces bonnes et mauvaises raisons, nous ne sommes pas prêts de changer… et donc de nous sentir coupables.

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