Pierre-Henri Tavoillot : “L'amour ne suffit plus face à la vieillesse”

Pierre-Henri Tavoillot, propos recueillis par Cédric Enjalbert publié le 2 min

Pierre-Henri Tavoillot enseigne à l’université et collabore à Philosophie magazine. Il a conseillé Marie-Anne Montchamp, secrétaire d’État aux Solidarités et à la Cohésion sociale, sur un chantier de la dépendance.

Les dotations prévues po​​​ur la réforme de la dépendance n’ont pas été inscrites dans le budget 2012. La réforme structurelle que vous souteniez est-elle hypothéquée ?

Pierre-Henri Tavoillot : Le contexte général relègue ces problèmes majeurs de société au second plan. Leur urgence n’est pas comparable. En revanche, la démarche à laquelle j’ai réfléchi avec la secrétaire d’État aux Solidarités et à la Cohésion sociale n’est pas invalidée par le retrait des moyens budgétaires, parce qu’elle est fondée sur un double principe pérenne. D’une part, les problèmes sociétaux sont privilégiés par rapport aux questions financières. D’autre part, la démarche habituellement jacobine de l’État est inversée : une palette de registre d’intervention laisse aux acteurs de terrain la possibilité d’un choix. La génération concernée par la dépendance n’avait ni prévu de vieillir si longtemps, ni considéré combien les solidarités traditionnelles seraient obsolètes. Désormais, chacun intègre que, face à Alzheimer, l’amour ne suffit pas.

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Jusqu’où faut-il « s’aimer soi-même » ?
S'aimer soi-même est-ce être narcissique ? Bien sûr que non répondrait Rousseau. L'amour de soi est un formidable instinct de conservation. En revanche, l'amour propre est beaucoup plus pernicieux...Découvrez les détails de cette distinction décisive entre deux manières de se rapporter à soi-même.
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