Penser contre le mal avec Arendt
À Auschwitz, ni la voix de Dieu ni celle de la raison n’ont retenu les hommes d’accomplir le mal absolu. Le mal, dit Arendt, résultait d’une « absence de pensée ». Mais qu’est-ce que penser ? Un détour par Rembrandt, Montaigne et Shakespeare nous aide à comprendre de quoi il retourne.
L’hypothèse d’un lien inextricable entre la faculté de distinguer le bien du mal et l’activité de penser s’est imposée à Hannah Arendt au cours du procès d’Adolf Eichmann, qui incarne pour elle l’homme qui ne pense pas. Penser ? Pour Platon, c’est instaurer un dialogue avec soi-même. Mais cette activité pose ses conditions : il faut s’arrêter de vivre, se mettre en retrait de ses semblables, suspendre l’affairement de la vie active, sa turbulence, son bourdonnement. Tapi dans l’ombre, l’autre moi-même m’attend, me guette, et ce n’est que dans la solitude et le silence du foyer qu’il jaillit. Alors peut s’instaurer le dialogue de la pensée.
Les apparences sont trompeuses : la sérénité du penseur n’est que de façade ; à l’intérieur, son esprit bouillonne. Empruntant tours et détours, il est à l’image de l’escalier à vis du tableau de Rembrandt Le Philosophe en méditation, exposé au Louvre. Le sujet devient un véritable champ de bataille, assailli de questions qu’il explore sans trêve et remet toujours sur le métier – Arendt le compare à Pénélope. Qui pense se voue à l’inquiétude, au sens étymologique du terme, c’est-à-dire au non-repos.
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