Livres

Pendant que j’y pense/Octobre 2020

Catherine Portevin publié le 2 min

Sortir de la violence, comment s’y prend-on ? C’est la question, qui tient l’enquête de la journaliste Véronique Brocard (Les Sortants, Éd. Les Arènes, 336 p., 18 €) dans les prisons ultra-sécurisées où plusieurs centaines de « terros » (TIS : terroristes islamistes ; ou DCSR : prisonniers de droit commun susceptibles de radicalisation) purgent leur peine. Ceux-là n’ont pas (encore) de sang sur les mains, ils ont été arrêtés pour apologie du djihad, ils sont partis ou ont essayé de partir en Syrie… Ils ont été jugés en correctionnelle, ont souvent pris le maximum (entre cinq et dix ans de prison). En 2022, 250 d’entre eux auront été libérés. Dans quel état ? Avec quels risques de récidive ? Nous préférerions qu’ils n’existent pas, ou plus, mais il faudra vivre avec et, oui, s’occuper d’eux. Tandis que se déroule le procès des attentats de Charlie Hebdo et de l’HyperCacher de janvier 2015, il peut y avoir une certaine indécence à s’intéresser aux criminels, voire à les soigner. Mais justement : si les conditions carcérales peuvent transformer le petit délinquant en bombe, l’enjeu est trop grave avec les « terros ». C’est pour comprendre, au sein même de son institution la plus sécuritaire, ce qu’une société peut faire pour prévenir le terrorisme que Véronique Brocard a, durant deux ans, suivi le travail des personnels pénitentiaires, consulté une soixantaine de dossiers, rencontré des détenus. Le calme impressionne comme souvent lorsque la matière est explosive. Le point central de la déradicalisation n’est pas l’islam, mais la violence et comment en sortir. Ce que raconte Les Sortants, ce sont ces mille paroles, gestes, décisions, pressions, lois, préjugés, précautions, verdicts, intuitions, qui ouvrent ou ferment les portes. Le calme parfois fait froid dans le dos.

Expresso : les parcours interactifs
Kant et le devoir
Au quotidien, qu’est-ce que ça veut dire d’agir moralement ? Et est-ce que c’est difficile de faire son devoir ? Ces questions ne sont pas anecdotiques pour quelqu’un qui souhaite s’orienter dans l’existence. Et, coup de chance : Emmanuel Kant y a répondu. 
Sur le même sujet


Article
3 min
Alexandre Lacroix

L’attentat de Nice le 14 juillet dernier, sommet d’horreur qui a suivi la tuerie du Pulse à Orlando (États-Unis) et précédé de trois jours une…

À Nice, le stade “UberPop” du terrorisme