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Emmanuel Macron au téléphone, après le déjeuner du Sommet social européen de Göteborg (Suède), le 17 novembre 2017. © Jonathan Nackstrand/AFP

Technologies

Pegasus : comment lutter contre les logiciels espions ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 30 juillet 2021 3 min

C’est le scandale du moment, révélé par le consortium international de journalistes Forbidden Stories, en collaboration avec l’ONG Amnesty International : Pegasus, le logiciel espion mis au point par la société israélienne NSO Group, a été utilisé par onze États – le Maroc, le Mexique, la Hongrie, etc. – pour surveiller des journalistes, des militants, des activistes ou encore des hommes politiques. Une atteinte à la vie privée (et parfois à la sécurité nationale, dans le cas de chefs d’État espionnés) qui suscite l’indignation à travers le monde. Et repose la question, brûlante, de la protection des données à l’heure où les échanges sont toujours plus dématérialisés.

 

  • Les révélations concernant le logiciel espion Pegasus suscitent un double sentiment : d’inquiétude, bien entendu, mais aussi d’évidence. Une part de nous, sans en avoir la preuve, ne peut s’empêcher de se dire que nos activités numériques sont de toute façon surveillées, épiées, espionnées. Ou, du moins, qu’il est tout à fait possible qu’elles le soient, sans que l’on sache vraiment quand.
  • Cette structure rappelle, immanquablement, celle du panoptique, la prison évoquée par Michel Foucault dans Surveiller et Punir (1975) : « Le détenu ne doit jamais savoir s’il est actuellement regardé ; mais il doit être sûr qu’il peut toujours l’être. » Il faut, en ce sens, « rendre indécidable la présence ou l’absence du surveillant ». De ce point de vue, le scandale Pegasus génère un effet paradoxal : il rend visible l’omniprésence de la surveillance. Il est bien possible que les États espions, s’ils sont pour l’heure entravés dans leur logique, tirent profit sur le long terme de cette autodiscipline produite par la certitude – désormais actée – d’être observé.
  • L’affaire Pegasus a fait un tollé mondial. À n’y pas manquer, de nombreuses mesures seront adoptées pour éviter que la situation se reproduise. Mais est-ce seulement possible ? L’architecture (l’empilement des lignes de code) qui constitue la trame du monde numérique n’est-elle pas trop complexe pour éviter les failles dans lesquelles les logiciels espions réussissent encore et toujours à se faufiler ?
  • Le problème tient peut-être plus profondément au statut de ce nouvel objet, apparu conjointement avec le numérique : les données. Les Gafam, principaux responsables de l’extraction de ces données, se sont émus qu’elles aient pu être dérobées. Mais la possibilité d’une captation malveillante n’est-elle pas contenue dans la structure même des données ? Chacun de nous ne cesse jamais d’émettre de informations – par nos mouvements, nos gestes, nos paroles, etc. Dans l’espace public, ces signaux s’adressent, même involontairement, à un destinataire. Ils n’atteignent pas forcément une cible, mais nous avons conscience de cette possibilité. Les choses sont bien différentes dans l’espace privé : lancées en l’air, les informations que nous ne cessons d’émettre ne parviennent à personne ; elles retombent dans le néant.
  • Le numérique, qui s’immisce au cœur même de l’intimité, change profondément la donne. Il y a toujours quelqu’un, ou du moins quelque chose – un algorithme – pour capter l’information émise par notre double numérique. Nos données (nos data) n’ont jamais l’innocence du donné (datum), de ce mouvement gratuit par lequel nous ne cessons jamais de nous manifester au monde, avec ou sans témoin. Les informations émises par notre « nous » virtuel ne retombent pas dans le vide ; elles sont stockées, mémorisées, et cette simple consignation contient en elle la possibilité d’une captation, d’une divulgation ou d’une publicisation – de même qu’une confidence faite à un ami dans une lettre peut être dérobée. À ceci prêt que les données numériques, contrairement à la lettre unique, peuvent être infiniment dupliquées.
  • Il y a en ce sens quelque chose d’illusoire dans l’idée que notre double numérique pourrait s’abriter dans un espace privé. Les données qu’il émet sont toujours déjà recueillies, au moment de leur production, hors de cet espace, dans celui disséminé du virtuel. Comme le prisonnier du panoptique dépouillé de toute retraite, notre existence virtuelle ne peut se dissimuler ; non qu’elle soit nécessairement accaparée par des logiciels malveillants, mais du simple fait qu’elle ne peut se déployer sans laisser de traces.
  • Il n’en est pas moins urgent, comme le souligne Jean-Pierre Mignard, de réglementer au mieux le fonctionnement de l’espace numérique : les États ne doivent pas laisser ces questions aux mains d’entreprises privées.
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