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La distribution du film “Ouistreham”, réalisé par Emmanuel Carrère. © Christine Tamalet/Memento Distribution

Cinéma

“Ouistreham” : mentir pour mieux voir

Marie Denieuil publié le 15 janvier 2022 7 min

Emmanuel Carrère nous emmène dans le bateau des travailleurs invisibles, frappés de plein fouet par la crise économique, par l’entremise de Marianne (Juliette Binoche), une héroïne ballotée entre son enquête sociale et la moralité de ses actes.

L’invisibilité sous les projecteurs

Ouistreham dresse le portrait d’une partie de la France frappée de plein fouet par la crise économique, pour « rendre visibles les invisibles ». Il montre les conditions de vie des manutentionnaires, dans le secteur de la propreté, dont on ne remarque l’existence que lorsque le travail n’est pas fait, de nuit sur un ferry. Tout est fait pour que ce monde-là ne croise jamais l’autre : dès que la sonnerie retentit et que les passagers entrent dans le bateau, les employés de ménage doivent courir pour en sortir au plus vite et « ne pas être vus ». S’ajoute à cela la difficulté physique d’un métier sous pression, entre exigence de rapidité et d’efficacité (faire 60 lits en 1h30, avoir 4 minutes par chambre). Ou encore, les licenciements abusifs à la chaîne, la précarité de l’emploi en CDD, les heures payées au Smic, les ennuis de transports… Le ferry, sans cesse en départ, devient le symbole de cette précarité : impossibilité de trouver un emploi stable, absence d’attache, port auquel on finit toujours par fatalement revenir « en cas de coup dur », pression constante. « Moi, j’ai pas le temps de regarder la mer. »

L’absence de reconnaissance de la société à l’égard de ses déshérités économiques transforme leur pauvreté matérielle en misère sociale, et par la force des choses les prive d’un accès aux études et à l’éducation. Dans La Reconnaissance. Histoire européenne d’une idée (2017), le penseur allemand Axel Honneth définit l’acte de « reconnaître » comme le fait pour « chaque rencontre intersubjective » d’être marquée « par l’attente réciproque d’un traitement d’égal à égal ». Le regard de l’autre me permet d’exister, me reconnaît, de manière égale, comme membre de la société. Le problème est que pour être reconnu, et exister, encore faut-il être vu. En ce sens, le film met en évidence les différents symptômes qui traduisent l’absence problématique de reconnaissance et les pathologies de la société. Le mépris (de classe) participe à l’invisibilisation des travailleurs : « On ne donne pas de leçons à ceux qui sont plus éduqués que vous », lance le patron d’une entreprise au personnage de Marianne. De même, la pitié pour la condition des travailleurs est perçue là comme une forme de mépris : « Tu t’es prise pour Mère Teresa ou quoi ? », lance Christelle (Hélène Lambert) à Marianne. L’aide est perçue, malgré sa bienveillance, comme une forme de domination masquée. Il faudrait prouver que les individus « ont établi entre eux des liens d’estime symétrique », selon l’expression de Honneth, pour transformer « l’aide » en « solidarité ».

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Comme d'habitude...
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