Marine Le Pen en 1957
«Le poisson pourrit par la tête, dit-on souvent chez Poujade. On retrouve ici l’ordinaire discrédit jeté sur le cerveau, dont la disgrâce fatale est évidemment l’excentricité même de sa position, tout en haut du corps, près de la nue, loin des racines.» Roland Barthes, Mythologies
À ceux qui voudraient penser que Marine Le Pen a définitivement rompu avec le poujadisme de son père, on ne saurait trop recommander la lecture de l’ultime mythologie de Roland Barthes (« Poujade et les intellectuels », 1957 [Seuil]).
Qui est « l’intellectuel » dans la généalogie qu’en propose Pierre Poujade ?
Un amalgame de vide et de putréfaction, dont l’hypertrophie du cerveau est une preuve de décadence, et l’altitude factice un signe de mépris. Un être embrumé, aérien, un « hélicoptère » tournant sur lui-même dans l’espace indéfini du ciel des idées, et dont l’ascension « également éloignée du grand ciel religieux et de la terre solide du sens commun » témoigne du fait qu’on ne peut pas avoir les pieds sur terre quand on a la tête dans les étoiles. Une « machine à penser » perdue dans les nuées, un esprit faussement supérieur, abruti par la science, dont l’affectation de hauteur et les froides complications témoignent d’une indifférence totale à la réalité des choses, c’est-à-dire au travail concret. Un oisif, un renégat, un citadin « attendu au village avec des fourches », un esthète exténué, un cérébral sans muscles ni cœur – c’est-à-dire un fourbe auquel, comme un antidote au sadisme du « système », il faut opposer la force physique, « car, selon une crase bien connue, la plénitude physique fonde une clarté morale : seul l’être fort peut être franc ». Un « raciste » enfin, que son judaïsme (Poujade pense à Mendès) interdit de se mêler aux « Dupond, Poujade et Durand » – dont le sang celte, ou gaulois (« celui de Le Pen, Breton solide séparé par un abîme racial des esthètes de la nouvelle gauche ») est pourtant lui-même parfaitement homogène. Et Roland Barthes de rappeler, pour résumer cet « ordinaire discrédit jeté sur le cerveau », que « comme on dit souvent chez Poujade, le poisson pourrit par la tête ».
La langue classique est, pour Roland Barthes, une arme au service des dominants et de leur idéologie. L’écrivain et sémiologue reviendra plus tard sur cette affirmation radicale.
Dans « La Chambre claire », Roland Barthes part en quête de l’essence de la photographie : capturer l’être intime du modèle.
Les “Fragments d’un discours amoureux” sont le best-seller de Barthes.
La liberté dans laquelle Roland Barthes écrit “Fragments d’un discours amoureux” est considérable.
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