L’identité, cœur de cible de la politique contemporaine
Polémique autour de « l’islamo-gauchisme », montée en puissance de la « cancel culture », pertinence de l’usage du concept de « race » pour dénoncer la persistance du racisme, post-colonialisme, débat autour de la loi sur le « séparatisme », dissolution du mouvement d’extrême droite Génération identitaire, revendications de genre en tous genres… Au cœur de ces débats qui polarisent l’espace public : la question de l’identité. Dans l’arène publique, mais aussi bien scientifique ou militante, tout le monde semble s’être mis à parler, à agir et à penser en tant que : homme ou femme, blanc ou noir, musulman ou juif, jeune ou vieux. Même ceux qui prétendent parler au nom de la République se présentent de plus en plus comme les défenseurs d’une tradition et d’une identité française singulière qui serait menacée par le multiculturalisme dominant en provenance du monde anglo-saxon.
Si l’identité est ainsi devenue le point de fixation de la conscience politique contemporaine, ce n’est pas cependant sans un paradoxe, voire même une contradiction, dont on ne s’étonne pas suffisamment. Ils sont de plus en plus nombreux, en effet, ceux qui s’expriment en tant que « black », « rebeu », « toubab », « feuj », « muslim », « homo », « bi », « trans », « cis », « végan », etc. Mais ils sont tout aussi nombreux à ne pas supporter de se voir désignés comme tels par les autres, du dehors. Comme le souligne Martin Legros dans notre dernier dossier – Liberté, égalité, identités – comment reconnaître nos différences ? –, « le coming-out identitaire progresse de concert avec l’aversion grandissante pour les discriminations. » Ceux-là mêmes qui réclament une plus juste reconnaissance de leurs identités ne supportent pas d’y être ramenés par les autres. Chargeant les politiques d’un défi aussi exigeant que périlleux : permettre aux individus de faire reconnaître leur identité sans les y assigner. Pour faire face à ce défi, nous sommes sans doute appelés à redéfinir le fondement même de ce qu’est une identité. Plutôt que de la concevoir selon l’alternative du choix (« je me fais ce que je suis ») ou du destin (« j’hérite de ce qui me constitue »), il est temps de penser l’identité, dans les pas de Maurice Merleau-Ponty et de Simone de Beauvoir, comme un devenir.
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