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Un sans domicile fixe à Paris, le 23 mars 2020. © Alexandra Breznay/Réa

Enquête

Les nouvelles fractures sociales

Victorine de Oliveira publié le 01 avril 2020 9 min

Avec le confinement, entre SDF verbalisés et caissiers contaminés, les inégalités sociales se révèlent ou prennent un aspect frappant. Elles mettent en tout cas nos vulnérabilités en relief, expliquent la travailleuse sociale, le philosophe, la syndicaliste et la sociologue que nous avons rencontrés. Enquête.

« Restez chez vous » : cette injonction n’a pas le même sens selon que l’on vit en couple dans un loft ou à six dans un T2, selon que l’on peut profiter d’une résidence secondaire à la campagne ou que l’on est confiné entre les quatre murs de son studio urbain, selon que l’on peut télé-travailler ou que l’on est forcé d’assurer une livraison ou un chantier. Elle n’a même aucun sens quand on n’a pas de toit.

L’annonce du confinement, Sergueï l’a accueillie avec un haussement d’épaules. Depuis « un bout de temps » qu’il fait la manche à l’angle de la rue des Martyrs et de la rue Victor-Massé dans le IXe arrondissement de Paris, il ne voit pas bien comment respecter l’ordre du gouvernement sans mettre en danger sa propre survie. C’est que les passants, soudainement, sont devenus beaucoup plus généreux et bienveillants. Rares sont ceux qui n’accordent pas au moins un sourire, laissent une pièce, voire proposent de faire quelques courses. « Les gens me remarquent », note Sergueï, un brin amusé. Une façon pudique de souligner qu’il y a encore quelques jours, la plupart lui marchaient presque dessus.

À présent que les rues des grandes villes se sont vidées, difficile de les ignorer. On a beaucoup ri de ses joggeurs qui semblent soudainement jaillir du bitume comme auparavant les marchands de parapluie à la moindre goutte d’eau tombée du ciel. Désormais ne restent que ceux qui courent… et ceux qui font du sur-place, faute de chez-soi où aller. Leur présence bien visible atteste d’une chose : « Comme d’habitude, les sans-abris, les plus fragiles, ont été les grands oubliés », déplore Frédérique Kaba, directrice des missions sociales à la Fondation Abbé Pierre. Une forme de déni qui va jusqu’à la verbalisation de certains d’entre eux, parfois devant des bénévoles de la Fondation. Sergueï, lui, a eu de la chance : « Le flic était de bonne humeur. » 

“La prise en compte des personnes à la rue dans les mesures de confinement a été à la hauteur de la représentation de la pauvreté en France. Ce n’était vraiment pas une priorité”

Frédérique Kaba, directrice des missions sociales à la Fondation Abbé Pierre

Dès le 18 mars, la plupart des associations ont dû se réorganiser dans l’urgence et imaginer des solutions qui ne mettent en danger ni les bénévoles, souvent âgés, ni ceux à qui ils apportent de l’aide. Une fois les accueils de jour et les banques alimentaires fermées, que faire ? « Nous avons notamment mis en place la distribution de tickets service financés par des dons, qui permettent d’acheter non seulement de l’alimentation mais aussi des produits d’hygiène », détaille Frédérique Kaba. Mais la mise à l’abri reste difficile. Si elle salue l’initiative du groupe Accor qui a permis la mise à disposition de mille chambres d’hôtel à Paris, elle note toutefois que cela est loin de régler le problème. « On a affaire à des personnes dont la sociabilité est uniquement liée à la rue. Si vous les confinez dans une chambre de 15 mètres carrés, ils n’auront aucun moyen de garder le contact avec leurs amis via les réseaux sociaux. Pas d’apéro FaceTime ou d’abonnement Netflix pour eux ! Il y a un vrai risque de décompensation physique et psychique », explique Frédérique Kaba. Dans un soupir, la responsable associative conclut que « la prise en compte des personnes à la rue dans les mesures de confinement a été à la hauteur de la représentation de la pauvreté en France. Ce n’était vraiment pas une priorité ». 

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