Les animaux sont-ils moralement innocents ?
Les défenseurs des animaux, en accord avec l’opinion commune, affirment que les bêtes ne sauraient commettre le mal et sont donc innocentes. Mais l’affaire est un peu plus compliquée que cela.
Un cochon tenu d’écouter sa condamnation à la pendaison, une truie jugée coupable d’avoir dévoré un nouveau-né : les procès d’animaux ne surprenaient personne en France du XIIIe au XVIe siècle, et les jugements rendus, principalement envers des cochons, misaient bien sur la responsabilité et la culpabilité de ces animaux, et non celle de leurs maîtres. Si ces procès peuvent faire sourire aujourd’hui, une indignation récurrente et opposée s’entend chez les défenseurs des animaux. De la chasse à la corrida en passant par l’élevage intensif : les bêtes sont innocentes, et, à ce titre, le mal qu’on leur fait est d’autant plus répréhensible.
L’innocence animale, brandie comme une ultime preuve de l’injustice des mauvais traitements subis, mérite pourtant qu’on la questionne. Car si l’on peut parler d’innocence pour un être humain qui n’a pas commis de méfaits, ou qui est trop jeune pour avoir fait du mal intentionnellement et en être responsable, comme les tout-petits, peut-on en qualifier de la même manière les animaux ? Où commence et où s’achève l’innocence pour l’animal ?
Nul chien n’est méchant volontairement…
Peut-on seulement définir l’innocence par l’absence de méfaits ? Un enfant qui, par manque de précaution, provoque la chute d’un autre enfant, cause de la peine ou de la douleur ; mais son absence d’intention de nuire nous permet de le considérer comme innocent, conservant sa pureté morale. L’absence de volonté de mal faire conduirait ainsi à penser qu’un chien qui mord un enfant et le blesse grièvement est tout aussi innocent. Il répond à son instinct, ou au mauvais dressage de son maître, mais non à sa volonté propre. Son acte est le produit d’un conditionnement et non issu d’un choix, tout comme l’enfant. À ce titre, les animaux seraient bien des êtres innocents : l’absence de choix délibéré du mal les préserve. Et, à la différence des enfants, les bêtes ignoreront toujours ce mal et n’auront jamais la possibilité de l’exercer volontairement, ce qui les rendrait intrinsèquement innocentes, à la différence de l’être humain.
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