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Signature des accords d’Abraham entre Israël, Bahreïn et les Émirats arabes unis à la Maison-Blanche, Washington (États-Unis), le 15 septembre 2020. De g. à dr. : Abdullatif bin Rashid Al Zayani (ministre des Affaires étrangères de Bahreïn), Benyamin Netanyahou (Premier ministre israélien), Donald Trump (président des États-Unis) et Abdullah bin Zayed Al Nahyane (ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis). © Shealah Craighead/Official White House

International

Les accords d’Abraham sont un succès : mais qui est Abraham ?

Frédéric Manzini publié le 30 juin 2021 3 min

C’est sans précédent. Mardi 30 juin, Yaïr Lapid, le chef de la diplomatie israélienne, est le premier ministre du pays à se rendre aux Émirats arabes unis en visite officielle. Environ un an après leur signature à l’été 2020, et même après un nouvel épisode de guerre en Palestine qui a ébranlé la région, les « accords d’Abraham » semblent donc tenir bons. Ainsi sont appelés les traités contractés entre Israël, Bahreïn et les Émirats arabes unis – élargis au Soudan et au Maroc à l’automne – pour normaliser leurs relations diplomatiques et commencer à nouer des partenariats économiques. Mais pourquoi faire référence à cette figure spirituelle qu’est « Abraham » ? Son nom n’est-il que le plus petit dénominateur commun qui permette de concilier les Juifs et les musulmans, ou est-il le porteur d’un enjeu religieux et politique plus profond ?

 

© Bridgeman images

Mattia Preti dit “Il Cavaliere Calabrese” (1613-1699), “Le Sacrifice d’Isaac” (“Sacrificio di Isacco”), huile sur toile, 120 x 170,5 cm, v. 1640. Galerie nationale des Marches, Urbino (Italie). © Bridgeman images

Abraham, Abram ou Ibrahim : le père des nations

Parfois appelé Abram ou Ibrahim, tantôt considéré comme un patriarche et tantôt comme un prophète, Abraham (אברהם en hébreu, إبراهيم en arabe) joue un rôle majeur dans la religion juive comme dans la religion musulmane. L’Ancien Testament (plus précisément le Livre de la Genèse) et le Coran se rejoignent pour évoquer l’existence d’Abraham dont le nom signifie « le père d’une multitude de nations ». Pourquoi ? Parce qu’il est à l’origine d’une double descendance : alors que son union avec sa femme Sarah fut longtemps inféconde, il prit pour concubine sa servante égyptienne Agar, qui lui donna un fils nommé Ismaël… tandis que Sarah lui donna finalement un autre fils, nommé Isaac. Demi-frères, Ismaël et Isaac furent tous deux promis à une grande descendance, juive d’un côté et arabe de l’autre : « C’est par le nom d’Isaac que sera appelée ta race. Quant au fils de ta servante, je ferai de lui une nation puisqu’il est de ta race » (Genèse 21,12-13). Abraham est donc d’abord le nom de la fraternité – d’où le nom de « Fraternité d’Abraham » que s’est choisie en France l’association fondée par André Chouraqui et Jean Daniélou pour promouvoir le dialogue interreligieux.

Le sacrifice d’Abraham : le père du monothéisme

Mais Abraham est aussi et surtout un homme à la foi inébranlable, dont le Coran dit qu’il était « un vrai croyant soumis à Dieu » en ajoutant qu’« il n’était pas au nombre des polythéistes » (Coran, III, 67) pour souligner son rôle dans l’instauration du monothéisme. Abraham est en effet celui qui se trouve mis à l’épreuve de la manière la plus singulière qui soit, quand Dieu lui demande de sacrifier son propre fils… et qu’il accepte de s’exécuter ! Cet épisode, rapporté aussi bien dans la Bible comme dans le Coran malgré des variantes, montre toute la puissance de la foi religieuse qui transcende les valeurs et les lois morales les plus élémentaires ; dans son ouvrage Crainte et tremblement (1843), le philosophe danois Søren Kierkegaard (1813-1855) a d’ailleurs vu dans la détermination d’Abraham l’expression de l’absurde, de l’injustifiable, du paradoxe, du défi au bon sens sur lequel toute religion repose, et qui en constitue le mystère profond, irréductible à toute forme de rationalité.

Le père... de la paix ?

Mais plutôt que le nom et le symbole de la foi absolue, Abraham pourrait également être celui de la confiance que l’on est capable d’accorder librement : après tout, les mots de « confiance » et de « foi » sont apparentés au verbe latin fidere, et dans les deux cas, il s’agit de « croire » dans la relation qui nous unit à l’autre. Alors que les tensions au Moyen-Orient restent vives, le fait que certains pays arabo-musulmans et Israël parviennent à nouer ce type de relations de confiance est un véritable espoir pour une paix durable. Quoi qu’il en soit, s’il est probable que tout cela ne soit pas complètement désintéressé sur le plan économico-politique, il n’est pas non plus certain que ce qu’on appelle « la cause palestinienne » en sorte indemne, car ce pourrait bien être elle la victime sacrificielle des accords d’Abraham.

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