L’écologie face à la guerre
Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère, rassemblés autour d’une thématique commune. Des articles qui nous ont surpris, questionnés, dérangés. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité.
Cette semaine, une thématique : l’écologie face à la guerre en Ukraine. Entre sanctions énergétiques et destruction des écosystèmes, l’invasion russe repose à nouveaux frais la question environnementale. Tour d’horizon.
« On ne fait plus seulement la guerre pour les ressources, dans l’espoir de conquérir un lebensraum territorial ou géologique, on fait la guerre par l’intermédiaire des politiques énergétiques. L’énergie n’est plus seulement un ressort de la puissance en tant qu’elle alimente les armées et l’effort productif, elle l’est aussi en tant que facteur de risque dont il s’agit de se défaire. » C’est le constat développé par Pierre Charbonnier dans un essai paru sur le site Le Grand Continent. Le cas de la guerre en Ukraine – et des sanctions sur le gaz russe – en est le signe frappant. Le philosophe souligne que cette « écologie de guerre » est encore embryonnaire, réduite à « un ensemble disparate de mesures et d’ambitions de circonstance » ; mais, si elle devient la « colonne vertébrale de l’Europe des années vingt » en s’inscrivant dans l’horizon d’une « politique sociale », elle pourrait bien devenir la force motrice d’une « mobilisation collective […] autour des principes de l’écologie ».
« La guerre en Ukraine rapproche les affects politique et écologique », souligne le philosophe et sociologue Bruno Latour dans un entretien accordé à Politis. « L’un des grands enjeux écologiques planétaires, c’est l’énergie. Et la guerre en Ukraine focalise l’attention sur cette question. D’un seul coup, la perspective de se passer du gaz russe devient pensable alors qu’elle était impensable auparavant », explique-t-il. « L’opinion associe une réaction qui se pose en termes de sacrifice pour la cause écologique au soutien à l’Ukraine, à la défense de l’autonomie européenne, à la sécurité nationale et même, on pourrait dire, à un certain patriotisme européen. » Cette réaction est beaucoup plus vive que face à « l’état de guerre larvée provoqué par le dérèglement climatique, l’extinction accélérée des espèces, les catastrophes naturelles ». Mais on peut y voir aussi le signe encourageant d’une véritable capacité à être à la hauteur des défis contemporains.
De son côté, l’essayiste et journaliste Emily Anthes revient, dans le New York Times, sur cette « victime silencieuse » de la guerre, en Ukraine et ailleurs, qu’est la nature. « Les rapports sur le terrain et les recherches sur les conflits armés antérieurs suggèrent que l’impact écologique du conflit [ukrainien] pourrait être profond. Les guerres détruisent les habitats, tuent la faune, génèrent de la pollution et refont entièrement les écosystèmes, avec des conséquences qui se répercutent sur des décennies. » L’après-guerre est parfois tout aussi destructeur, lorsque les États « cherchent à reconstruire leurs infrastructures et leur économie » à toute vitesse. Il faut prendre en compte dès aujourd’hui, pour ne pas être pris au dépourvu, cet enjeu des « protections environnementales », et « intégrer la conservation au processus de paix » qui finira, à un moment ou un autre, par se mettre en mouvement.
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