Le tournant cartésien

Victorine de Oliveira publié le 4 min

Il y a un avant et un après Descartes. Si le “Discours de la méthode” relate l’aventure solitaire d’un esprit, le philosophe de la table rase ne s’est pas fait tout seul. Il ne cite pas toujours ses influences, mais il aime soumettre ses idées à la contradiction, comme en atteste son abondante correspondance.

Ceux qu’il a lus

Les stoïciens

On ne sait si Descartes a lu Sénèque, Marc Aurèle ou Cicéron. Une chose est sûre, il s’inspire de leur doctrine quand il énonce la troisième maxime de sa « morale par provision »  : « tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde ». De même les stoïciens anciens recommandent-ils de distinguer les choses qui dépendent de nous de celles qui n’en dépendent pas, afin de concentrer nos efforts de façon plus efficace sur les premières.

Galilée (1564-1642)

« […] il philosophe beaucoup mieux que le vulgaire, en ce qu’il […] tâche à examiner les matières physiques par des raisons mathématiques. En cela je m’accorde entièrement avec lui et je tiens qu’il n’y a d’autre moyen pour trouver la vérité. » C’est en ces termes que Descartes loue le savant italien dans sa correspondance. Cet esprit indépendant vis-à-vis de l’« École » héritée d’Aristote est un modèle pour celui qui entend bientôt faire table rase de la connaissance.

Montaigne (1533-1592)

« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » : la première phrase du Discours de la méthode est une citation quasi mot pour mot des Essais de Montaigne – « On dit communément que le plus juste partage que nature nous ait fait de ses grâces, c’est celui du sens. » La façon qu’a Descartes de raconter une « histoire » à la première personne n’est pas non plus sans rappeler le projet de Montaigne de retracer « l’histoire de [son] esprit ».

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