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Écosse / Indépendance

Le référendum éclairé par les “Lumières écossaises”

Alexandre Lacroix publié le 21 août 2014 3 min

Le 18 septembre, les Écossais se prononceront sur l’indépendance de leur nation. Un choix politique qui donne l’occasion de réfléchir à l’identité culturelle du pays où le philosophe David Hume vit le jour.

 

Paradoxalement, l’intégration dans l’Union européenne (UE) stimule la volonté d’indépendance d’un certain nombre de régions. C’est le cas de la Catalogne, qui devrait voter sur son indépendance le 9 novembre prochain – bien que ce scrutin ait été rejeté par le Parlement de Madrid. Mais aussi de l’Écosse, qui elle va décider de son sort pour de bon le 18 septembre prochain. L’UE offre, en effet, la possibilité à ces « petits pays » de bénéficier de la protection monétaire de l’euro (donc, d’être à l’abri de l’hyperinflation et de demeurer solvables), mais aussi, a fortiori, d’être protégés des appétits de conquête des « grandes » nations. C’est ainsi que de l’union naît l’éclatement…

Cependant, le cas de l’Écosse a aussi ses propres spécificités, peu connues. C’est en 1707 que le Parlement écossais a ratifié le traité d’Union, qui a donné naissance au royaume de Grande-Bretagne. Mais il l’a fait sous pression, l’Angleterre menaçant de fermer ses marchés aux Écossais et de les condamner à la misère. « Nous avons été achetés et vendus pour de l’or anglais ! » se plaignait quelques décennies plus tard le poète Robert Burns, chantre de l’identité régionale. Comme en écho à cette plainte, un personnage du romancier Walter Scott s’écrie : « Quand nous avions […] un parlement à nous, nous pouvions leur jeter des cailloux s’ils se comportaient mal. Mais plus personne n’a les ongles assez longs pour atteindre Londres ! » Après le déménagement du pouvoir politique à Londres, l’Écosse a connu une forte anglicisation qui a divisé ses habitants. Dans les montagnes des Highlands sont apparus des mouvements visant à restaurer un monarque écossais, et une répression ferme s’en est suivie (moins violente pourtant qu’en Irlande) ; par ailleurs, l’habit traditionnel des Highlanders fut interdit pendant près de quarante ans.

« Les Lumières écossaises se singularisent par leur empirisme – elles lient étroitement l’usage de la raison aux enseignements de l’expérience »

Mais c’est aussi à la fin du XVIIIe siècle que s’affirme et s’épanouit le mouvement dit des « Lumières écossaises », dont les représentants les plus célèbres sont David Hume et le père fondateur de l’économie politique, Adam Smith. Tous deux appartiennent à un célèbre club d’intellectuels d’Édimbourg, The Select Society. Or, ce mouvement est porté à la fois par une certaine fierté régionale et un abandon de la langue écossaise au profit de l’anglais, jugé plus moderne. « N’est-il pas étrange, écrit Hume dans une lettre de 1757 qui résume assez bien la situation, qu’au moment où nous avons perdu nos Princes, nos Gouvernements et notre Parlement indépendant […], et où nous usons, par notre accent et notre prononciation, d’un dialecte très corrompu, n’est-il pas curieux, disais-je, qu’en de telles circonstances nous soyons un peuple si distingué ? » D’un point de vue philosophique, les Lumières écossaises se singularisent par leur empirisme – elles lient étroitement l’usage de la raison aux enseignements de l’expérience.

L’ambiguïté de la relation des Écossais à l’Angleterre, déjà présente chez Hume, persiste encore aujourd’hui. Ainsi, l’Écosse a-t-elle conservé un système éducatif plus démocratique que l’Angleterre, avec des frais d’inscription plus bas. Le gouvernement de Margaret Thatcher y a toujours été impopulaire, et l’Écosse tend à identifier le parti tory avec les intérêts de Londres, elle-même se considérant comme plus à gauche, plus tolérante envers les immigrés et plus européenne que l’Angleterre. Cependant, malgré ces différences, le « non » à l’indépendance devrait l’emporter – les derniers sondages donnent 45 % au « non », 34 % au « oui », avec 21 % d’indécis (source : Whatscotlandthinks.org). En bref, les Écossais, qui ont ressuscité leur Parlement en 1999, ne semblent pas prêts à s’exalter pour la cause de l’indépendance. Leur souci est plutôt de se poser, face au gouvernement conservateur de David Cameron, comme un contrepoids politique, afin de disposer d’une marge de négociation. Une nouvelle manifestation de leur empirisme en somme…

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Article issu du magazine n°82 août 2014 Lire en ligne
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