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Le Christ mort de Hans Holbein le jeune (cc) Wikimedia Commons

Ère chrétienne

Le corps est-il mort sur la croix ?

Martin Legros publié le 18 septembre 2012 5 min

Crucifixion, interdits sexuels, jeûne… Le christianisme serait-il l’ennemi du corps, ainsi que le soutient Patrick Declerck ? Selon Jean-François Colosimo, il est au contraire la religion de l’incarnation par excellence.

« OUI ! Le corps supplicié du Christ est une sanguinolente horreur. »
Patrick Declerck

Philosophie magazine : Qui êtes-vous ?

Patrick Declerck : Entre autres, un freudo-nietzschéen qui pense avec Freud que les religions sont des délires de l’humanité. Et qui suit Nietzsche dans son mépris du christianisme en tant que ressentiment nihiliste des esclaves de nature. Toute question religieuse est d’abord une question clinique. Une affaire de maladie.

Le christianisme est-il une religion du mépris du corps ?

L’adoration du corps crucifié de Jésus, représenté ad nauseam dans la chrétienté, apporte la réponse à cette question. Ce corps supplicié est une sanguinolente horreur. Ce qui est effectivement figuré et fétichisé n’est pas le corps de lumière du ressuscité ayant vaincu la mort, mais bien celui du déchet. Un déchet qui se complique encore du cannibalisme à peine voilé de l’eucharistie et de ses conséquences digestives. La vérité vraie de cette affaire – celle du corps, précisément – est que Jésus, en grande pompe et avec mille maniérismes délicats, se trouve être fécalisé tous les dimanches. Décidément, on ne se méfiera jamais assez de l’amour.

Mais l’incarnation, n’est-ce pas aussi l’image d’un corps magnifié, spiritualisé – celle d’un « Dieu fait homme » ?

Jésus, fils de Dieu, né d’une vierge, est voué au tragique destin d’être sacrifié… Mais sacrifié pour qui ? Pour quoi ? Sacrifié par Dieu, son propre père, pour effacer nos péchés, c’est-à-dire pour apaiser sa propre rage vis-à-vis des hommes, ses créatures, qui – par le péché justement – lui échappent. Yahvé, au moins, avait eu jadis l’élémentaire décence d’arrêter le bras d’Abraham s’apprêtant à égorger Isaac. Cette sobre retenue n’était, il faut le croire, pas tout à fait satisfaisante aux exigences pulsionnelles des braves gens. Le Nouveau Testament effectivement parachève l’Ancien. Et il le parachève par un infanticide accompli. Sous le bla-bla théologique se dissimule le grand refoulé du christianisme : l’infanticide originaire commis par le Dieu d’amour pour son bon plaisir. Le tout sur fond naïf de conception virginale, la « fécondation par l’oreille », comme le disait le psychanalyste britannique Ernest Jones. Mais cela encore ne suffisait pas, et la hantise chrétienne de la chair est telle qu’au XIXe siècle les catholiques, toujours baroques, ajoutèrent le dogme de l’immaculée conception. Immaculée conception, non pas de Jésus par Marie, comme on a tendance à le croire trop souvent, mais immaculée conception de Marie elle-même. Le rêve secret de toute hystérique : tout plutôt qu’être née inter faeces et urinam des suites d’un coït bien en sueur…

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Joie d’aimer, joie de vivre
À quoi bon l'amour, quand la bonne santé, la réussite professionnelle, et les plaisirs solitaires suffiraient à nous offrir une vie somme toute pas trop nulle ? Depuis le temps que nous foulons cette Terre, ne devrions nous pas mettre nos tendres inclinations au placard ?
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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