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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Les deux adversaires de l’élection présidentielle américaine du 3 novembre, Donald Trump et Joe Biden (photomontage). © Dwi Anoraganingrum/Geisler-Fotop/Geisler-Fotopress/dpa Picture-Alliance/AFP

Ligne de fractures

Le choc des (Ti)temps

Octave Larmagnac-Matheron publié le 02 septembre 2020 3 min

Étrillé lors de la Convention républicaine qui s’est tenue du 24 au 27 août, et alors que les derniers sondages d’opinion semblent indiquer un resserrement de l’écart avec Donald Trump dans la course à l’élection présidentielle, Joe Biden n’a eu d’autre choix que celui de muscler son discours lors de son déplacement de lundi à Pittsburgh (Pennsylvanie). Au président sortant qui affirmait il y a quelques jours que « personne ne sera en sécurité dans l’Amérique de Biden », le candidat démocrate a répliqué que les images cataclysmiques mobilisées par son concurrent pour le discréditer « ne sont pas les images imaginaires de l’Amérique de Joe Biden, dans le futur. Ce sont des images de l’Amérique de Donald Trump, aujourd’hui ». Une Amérique divisée, en proie à de multiples mouvements de protestation. Et Biden d’ajouter que Trump « n’arrête pas de vous dire que, si seulement il était président, cela n’arriverait pas. Il n’arrête pas de nous dire que, s’il était président, vous vous sentiriez en sécurité. Eh bien, il est président, et cela arrive. Et vous n’êtes pas en sécurité. Et ça empire. »

Dans cette opposition frontale des temporalités, la philosophie de Pascal nous permet de comprendre les ressorts profond de cet affrontement. Et nous aide, au-delà de l’analyse, à déterminer dans quel rapport à l’avenir nous souhaitons inscrire nos décisions politiques. 

Trump, de son côté, considère que les violences – comprendre, dans son approche, les violences des manifestants antiracistes – qui émaillent régulièrement l’actualité américaine ne sont que les prémices d’une menace beaucoup plus considérable : l’anarchie, le chaos. Pour occulter l’état de division dans lequel il laisse les États-Unis, il met en scène le spectre du pire et tolère les violences racistes, notamment policières, consubstantielles de l’ordre dont il se fait le héros. Dans cette stratégie de la peur, l’avenir pondéré d’horreur devient plus réel que les crimes du présent. Le pire n’est pourtant pas certain, martèle Trump. À condition de se fier au « bon » candidat, celui de « la loi et de l’ordre ».

Plutôt que de prendre en charge politiquement le présent et d’endosser sa responsabilité dans l’état du monde, Trump (se) le dissimule. « C’est que le présent d’ordinaire nous blesse. Nous le cachons à notre vue parce qu’il nous afflige », analyse Pascal. Par quel moyen échappons-nous à cette misère insupportable du présent, et à notre incapacité à y remédier ? En nous projetant dans l’irréalité du futur : « Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours », de sorte que « nous errons dans les temps qui ne sont point nôtres. » 

Mais nous nous échappons en regardant en arrière, souligne l’auteur des Pensées : nous « nous rappelons le passé pour l’arrêter comme trop prompt ». Pour Pascal, ces deux projections sont intimement liées et participent d’une même logique d’évitement. L’on ne s’étonnera pas, alors, que Trump, tout conservateur qu’il est, parle sans cesse au futur. L’avenir qu’il appelle de ses vœux n’est rien d’autre que la perpétuation d’un passé. Dans le discours du président sortant, il n’est pas de troisième voie entre la pérennisation de l’ordre préexistant – celui qui entérine le racisme systémique – et le chaos. Mais surtout, quelle que soit l’issue de l’élection, l’avenir est marqué de la certitude manichéenne que l’un de ces deux termes se réalisera. Le temps trumpien ne fait aucune place à l’incertitude, à l’indétermination. 

C’est ce que conteste son adversaire démocrate Joe Biden, lorsque, reprenant la formule du pape Jean-Paul II – « N’ayez pas peur » –, il affirme que « la peur ne construit jamais l’avenir, au contraire de l’espoir ». L’espoir, dont Pascal fait le cœur même de ses Pensées, est une manière de se rapporter au futur qui implique l’indétermination. Tout espoir comprend un risque, dont nous ignorons s’il se réalisera. Il relève d’un « pari » pascalien qui porte, en politique, non sur Dieu mais sur l’avenir.

Le discours de Biden s’efforce de réhabiliter, face au temps trumpien, cette incertitude inhérente à l’acte politique qui introduit de l’inédit dans le monde et « construit » un nouvel avenir. Nous ignorons, bien entendu, l’ampleur de la violence qui pourrait découler du démantèlement en profondeur du système de discrimination raciale encore prégnant aux États-Unis. Nous ignorons aussi dans quel mesure Biden, dont le philosophe Cornel West a récemment souligné les décisions politiques racistes (lien en allemand), prendra à bras-le-corps le problème. Son discours de lundi témoigne cependant d’un constat : la menace du chaos ne doit plus servir d’argument pour occulter la violence réelle, actuelle, que produit le racisme ancré dans la société américaine. C’est seulement en affrontant la violence du présent qu’un futur différent peut s’ouvrir.

L’espoir, une vertu politique ? Au contraire, affirme Raphaël Enthoven.
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