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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Revue de presse

L’actualité des idées du vendredi 6 novembre

Octave Larmagnac-Matheron publié le 06 novembre 2020 6 min

Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère. Des articles qui nous ont surpris, questionnés, dérangés. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité.

Au programme, cette semaine : une réflexion sur ce que notre manière de traiter les animaux dit de notre humanité, un plaidoyer pour les différences, un autoportrait intellectuel d’Hélène Cixous, une méditation sur l’intelligence des poulpes, et une analyse pessimiste sur l’avenir du trumpisme.

 

  • « Les atteintes à la dignité, aux droits et à la vie de l’être humain […] ne peuvent en aucun cas être séparées réellement du mépris avec lequel l’humanité actuelle a pris l’habitude de traiter également l’environnement en général et les animaux en particulier. Il n’y a là en réalité que deux aspects différents du même processus de déshumanisation et par conséquent d’autodestruction dans lequel l’humanité s’est engagée. » C’est le constat que le philosophe Jacques Bouveresse tire, dans Le Monde diplomatique, d’une lecture serrée du satiriste viennois Karl Kraus – qui alertait sur la cause animale en pleine Première Guerre mondiale. Pour Kraus, en effet, la nature n’est pas le règne d’une lutte à mort où le plus fort anéantit toujours le plus faible : cette vision est une transposition de notre propre manière, « bestiale », de vivre entre hommes à l’âge du « productivisme et du consumérisme sans frein ». « Les marchés ont été transformés en champs de bataille, et ensuite les champs de bataille en marchés à conquérir et à exploiter. » Nous utilisons cette caricature des rapports entre vivants pour justifier la manière dont nous nous approprions et détruisons le monde naturel. Les animaux se comportent pourtant mieux entre eux que nous ne nous comportons les uns à l’égard des autres.

Pourquoi on vous le conseille ? Parce que Bouveresse met en évidence combien nous nous méprenons sur la bestialité des animaux, et combien nous, notre humanité, dépend de la manière dont nous les traitons. « Essayer au moins de ne pas être plus bestial ou plus scélérat que les animaux pourrait bien, dans ces conditions, constituer pour l’homme un progrès considérable. »

 

  • « La différence est un sujet dans le vent » : dans son discours pour la rentrée solennelle de l’Institut de France publié dans Le Point, la philosophe Barbara Cassin prend le pouls intellectuel de notre époque. « La différence, tel est en effet le nom le plus exact, le plus légitime de ce dont traite la philosophie française contemporaine. » De la différance de Derrida au Différend de Lyotard, en passant par la dif-férence (“Unter-schied”) chère aux traducteurs de Heidegger, cette thématique irrigue en profondeur la pensée contemporaine, et en constitue peut-être le socle commun par delà les innombrables lignes de fracture. Un ébranlement profond de siècles d’histoire, qui ont fait de l’Un la préoccupation de la philosophie, reléguant la pluralité (humaine) à la politique. Encore faudrait-il « partir du pluriel des différences, partir de la diversité » et non de la différence au singulier pour accomplir ce mouvement « décisivement contemporain. »

Pourquoi c’est à lire ? Parce que Cassin nous rappelle ce que la volonté d’abolir les différences, de nier ce qu’Arendt appelle « l'équivocité chancelante du monde », peut avoir de totalitaire. « Il y a des langues, il y a des hommes, et c’est avec le pluriel des différences […] que tout commence. » La tour de Babel comme « boussole pour les hommes des temps sombres. »

 

  • « La littérature nous aide à apprendre comment lire le monde » – en particulier en temps de crise : telle est la conviction de l’écrivaine et philosophe Hélène Cixous, qui fut longtemps proche du mouvement de la déconstruction lancé par Derrida. Dans un entretien accordé (en anglais) à Pledge Times, elle revient sur son parcours intellectuel, et propose son analyse de l’état du monde. « Chaque fois qu’il y avait un fléau, les gens se posent les mêmes questions, en particulier la question de l’Autre. Il y a ainsi ceux qui ne mettent pas de masque parce qu’il n’y a pas d’Autre pour eux, qu’ils sont incapables de penser à cet Autre. » Elle égratigne aussi les pouvoirs politiques : « Les paroles du gouvernement, dans tous les pays, relèvent de la simple urgence pragmatique. Pas très intelligent. Les gens devraient s’efforcer de vivre ce moment non seulement sainement mais aussi moralement, philosophiquement, etc. »

Pourquoi c’est intéressant ? Parce que Cixous est une figure majeure du paysage intellectuel français. Comme à son habitude, elle mêle évocation biographique et réflexion philosophique. 

 

  • D’innombrables vidéos en attestent, un peu partout sur internet : les poulpes sont capables de résoudre des problèmes complexes. « Ils ont des capacités intellectuelles qui sont très inhabituelles pour les créatures de leur règne, et sont plutôt comparables, à bien des égards, à celles des mammifères. Ils ont à leur disposition un réseau neuronal extrêmement riche et complexe. Un poulpe peut avoir autant de neurones qu’un chien ou un enfant. » Leur étude peut nous aider à y voir plus clair pour déterminer ce qu’est la conscience, affirme le physicien Carlo Rovelli dans cet article paru sur Science Focus (en anglais) – un texte extrait de son prochain ouvrage. La mise en regard est d’autant plus pertinente que les pieuvres sont des « parents extrêmement lointains ». Leur structure neuronale n’a, à vrai dire, pas grand-chose en commun avec la nôtre : « Au lieu d’être concentrée dans un cerveau, elle s’articule dans tout son corps. […] C’est une intelligence complexe mais radicalement étrangère. » 

Pourquoi c’est stimulant ? Parce que, plutôt que de réfléchir au problème de la conscience en comparant l’homme à ses plus proches parents, les mammifères, Rovelli trouve dans l’écart, dans l’hétérogénéité radicale, la matière pour penser la pluralité des formes de conscience. 

 

  • « Les États-Unis ne vont pas guérir de si tôt », même si Donald Trump perd l’élection présidentielle – ce qui sera manifestement le cas – affirme le sociologue Richard Sennett dans le Guardian (en anglais). Sa base est, en effet, particulièrement solide (au moins 30% des Américains lui vouent un soutien extrêmement fort). En cas de défaite, cette base « va s’extrêmiser afin de récupérer » ce qu’elle pense lui être dû. « La base joue une sorte de jeu pervers à somme nulle qui ne permet aux gens de se sentir mieux dans leur peau qu’en rabaissant les autres. Reconnaître que les autres ont leurs propres besoins et droits leur semble incompatible avec la satisfaction de ces besoins et la reconnaissance ces droits pour soi-même. »

Pourquoi c’est pertinent ? Parce que Sennett met en évidence que la politique américaine est devenue le théâtre d’une lutte à mort. Si le point critique est en passe d’être atteint, c’est cependant que, depuis 50 ans, la colère d’une partie de la population américaine est ignorée par le pouvoir.

Paralipomena

◉ Hier dans L’Express, Raphaël Enthoven osait une comparaison surprenante : « Il arrive à Trump la même mésaventure qu’au duc de Guermantes […].Trump en est au même point que le Grand seigneur proustien. Gouverner l’ennuie. Travailler l’épuise, et être président l’expose à dire la vérité sur sa fausse fortune... Mais ne plus être président, perdre l’onction du peuple des crédules, céder sa place à l’homme dont il raille la lenteur et inscrire au bas de sa légende l’infamante étiquette de “loser”, c’est impossible pour lui. » ◉ « En analysant la campagne, j'ai vu trois revenants : le shérif sudiste que j’ai connu dans mon enfance et qui voulait lancer ses chiens sur les autres, les droits civiques avec le mouvement Black Lives Matter, et le socialisme », a déclaré le philosophe américain Dick Howard lors de la soirée électorale organisée par France Inter. ◉ En parlant de revenants, Edgar Morin a aussi les siens, trop nombreux pour être cités. « Aujourd’hui, Toussaint. C'est le jour où les morts viennent visiter les vivants. J’ai beaucoup de visites », a-t-il tweeté dimanche dernier. ◉

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