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La “science du bonheur” au secours de la politique

Cédric Enjalbert publié le 18 mars 2016 4 min
Un rapport sur le bonheur dans le monde, paru le 16 mars 2016, établit un classement des pays les plus heureux. Il donne des outils pour mettre à l’épreuve l’efficacité des théories politiques, relativement au bien-être des populations.

29e : voici le rang de la France au classement des pays les plus heureux, selon le dernier rapport sur le bonheur dans le monde, publié le 16 mars 2016. Juste derrière la Colombie, juste devant l’Arabie Saoudite et la Thaïlande. La quatrième édition du World Happiness Report met en tête les pays nordiques avec, à la première place, le Danemark.


Échelle de Cantril

3000 personnes dans plus de 156 pays ont été interrogées pour établir ce classement et six facteurs pris en compte : le produit intérieur brut (PIB) par habitant, l’espérance de vie et la bonne santé, le soutien social (mesuré par le fait d’avoir quelqu’un sur qui compter en cas de coup dur), le niveau de confiance (mesuré par la perception de l’absence de corruption dans le gouvernement et les affaires), la liberté par rapport aux choix de vie et le niveau de générosité (mesuré par les dons récents).

Tous ces critères excèdent les seules considérations économiques, et prennent également en compte le bien-être subjectif. Le rapport souligne en effet combien « le bonheur dépend de facteurs individuels comme la personnalité, le revenu, la santé et le sentiment qu’ont les individus de pouvoir choisir librement les choix de vie importants », mais aussi que le bonheur dépend « de déterminants sociaux comme le degré de confiance dans la communauté, et de facteurs politiques comme le respect par le gouvernement de la loi », ainsi que de l’environnement. L’indice de bonheur établi par population est noté sur l’échelle dite de Cantril. La question posée est la suivante : « Imaginez une échelle à 10 barreaux. L’échelon le plus bas, le 0, représente la vie la pire pour vous, et l’échelon du haut la vie la meilleure possible pour vous. Sur quel échelon vous situez-vous en ce moment? »


Géométrie variable

Cette étude, interprétée par le Earth Institute de l’université de Columbia (États-Unis) et le Réseau des solutions pour le développement durable des Nations unies, ne repose bien sûr pas sur un conception unitaire du bonheur. Car qui serait en mesure de dire exactement ce qu’être heureux signifie ? Chez les philosophes, l’idée même de vie heureuse est à géométrie variable. Jeffrey Sachs, l’un des coordinateurs et auteurs du rapport, économiste enseignant à l’université de Columbia, distingue au moins six dimensions du bonheur, qui correspondent à autant d’options prises par des courants de pensée : la pleine conscience (défendue par les philosophes antiques, comme Épicure ou les stoïciens), le consumérisme (défendu par les économistes anglo-saxons), la liberté économique (soutenu par les libéraux et les libertariens, comme Robert Nozick ou Ayn Rand), l’accomplissement par le travail (voir Karl Marx ou Hannah Arendt), un bon gouvernement (selon Aristote), et, enfin, la confiance dans la société. 

Souhaitant voir le balancier basculer dans le sens des considérations éthiques et des préoccupations morales, Jeffrey Sachs brossait dans un précédant rapport une histoire des conceptions philosophiques du bonheur et du bien-être à grands traits, en identifiant trois périodes principales :

- la première, de l’Antiquité à la Renaissance, d’inspiration aristotélicienne, cherche la vie bonne guidée par la raison, menée sous la conduite des vertus. Un credo : une vie bonne est alors une vie heureuse.

- la seconde, qui débute au XVIIIe siècle avec la modernité et l’émergence des marchés, voit le triomphe de théories utilitaristes, dont Jeremy Bentham et John Stuart Mill sont les représentants. Un principe : le bonheur repose sur la maximisation des plaisirs et la minimisation des peines.

- la troisième, contemporaine, constate la prépondérance des théories utilitaristes ainsi que leurs limites. Elle doit ouvrir, selon l’auteur fustigeant les dérives de cette doctrine utilitariste consumériste, au « retour de l’éthique de la vertu dans la quête du bonheur », prenant en considération l’épanouissement humain personnel.


Science du bonheur

L’établissement d’un rapport chiffré et scientifique, fondé sur des témoignages subjectifs, permet de mettre la validité de ces hypothèses à l’épreuve de « la nouvelle science du bonheur » afin d’avancer dans la recherche de la communauté politique idéale. Selon le chercheur, « les philosophes moraux depuis les temps anciens jusqu’à aujourd’hui pouvaient défendre leur point de vue, mais pas tester leurs théories. Mais nous pouvons utiliser les enquêtes chiffrées pour soupeser les différentes théories alternatives de “la société bonne”. Dans les faits, les études sur le bonheur représentent une avancée importante en philosophie morale puisque les vieilles questions concernant le bien-être humain peuvent être désormais testées. »

Et que découvre-t-on ? Qu’il faut sans doute adopter un point de vue holiste sur le bonheur, qui ne saurait être réduit à une dimension unique. La définition du bonheur doit au contraire inclure dans son extension une pluralité de dimensions, incluant notamment une série de capabilités, telles que définies par la philosophe Martha Nussbaum ou l'économiste Amartya Sen. « Le concept de “capabilité” désigne la possibilité réelle, ou encore la liberté substantielle d’effectuer un choix. Ce qui est crucial dans cette approche, c’est l’idée de mesurer le progrès d’une société non pas en considérant exclusivement l’accroissement de la richesse, qui peut bien entendu être très inégalement distribuée, mais en examinant ce que les gens sont véritablement en mesure d’accomplir, et donc les véritables opportunités qui s’offrent à eux. On appréhende alors mieux des choses d’une grande importance humaine, comme l’éducation, la santé ou la qualité des relations raciales, que par la seule considération de la richesse nationale ou que par une perspective utilitariste. » 

Cette approche généreuse insistant sur l’importance de la réalisation de soi au regard de valeur personnelles, prête le flanc à la critique : outre qu’elle est facilement taxée de relativisme, la liste des biens premiers et de capabilités est potentiellement infiniment extensible… À chacun son idée du bonheur ?

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