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Hervé Juvin (g.), eurodéputé membre du Rassemblement national, et Andréa Kotarac (d.), candidat du RN à la présidence du Grand Lyon, lors d’une conférence de presse le 21 février 2020 à Villeurbanne. © Robert Deyrail/Gamma-Rapho

Idée/Politique

Le localisme est-il de gauche ou de droite ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 14 janvier 2021 3 min

Le 15 novembre 2020, deux élus proches du Rassemblement national ont fondé le Parti localiste. Quelles sont les racines de ce courant de pensée prônant un retour à la terre ? Et pourquoi semble-t-il attirer les extrêmes ? 

 

« C’est parce qu’on est fier de la petite patrie qu’on peut défendre la grande patrie » : deux proches du Rassemblement national, Hervé Juvin et Andrea Kotarac, ont annoncé le 15 novembre la création d’un nouveau mouvement, le Parti localiste. L’objectif affiché est double : d’une part, réparer par l’enracinement le lien social abîmé ; d’autre part, redonner du pouvoir aux Français par la décentralisation. S’il est en général considéré comme un thème cher à la droite conservatrice et identitaire, le « local » est pourtant de plus en plus réinvesti par la gauche ces dernières années, notamment par les mouvements écologistes. Il semble brouiller les lignes politiques – Andrea Kotarac a été membre de La France Insoumise. Alors, le localisme a-t-il une couleur politique ? 

En fait, le localisme est l’héritier de deux traditions, d’où son ambivalence. Inspirée par Herder et Hei­degger, la première filiation est conservatrice et identitaire. Elle s’oppose à l’universalisme abstrait des Lumières, qui voudrait émanciper l’homme de ses attaches, et soutient qu’entre un peuple et sa terre, il existe un lien d’essence irréductible. Le principal vice de la vie moderne, c’est justement son incapacité à demeurer quelque part, à s’enraciner, à assumer la différence irréductible des identités. Cette version du localisme a été portée par certains théoriciens de la « nouvelle droite », en particulier Alain de Benoist, tête pensante du Groupe de recherche et d’études de la civilisation européenne (Grece) dans les années 1970. Le local devient l’espace limité par excellence au sein duquel les autochtones peuvent veiller sur leur propre identité et se défendre contre les agressions extérieures. Au contraire, la ville moderne est le domaine de l’illimité, de l’anonymat, du brassage cosmopolite et de la mondialisation hors sol. À cette version conservatrice du local est adossée une écologie réactionnaire qui se préoccupe, non du dérèglement climatique, mais de la préservation des paysages, dont la fixité doit être à l’image de celle de l’identité. Hervé Juvin reprend à son compte ce détournement du discours écolo : « Tout écologue sait bien qu’un système vivant complexe ne survit pas à des espèces invasives. » Or, parmi les systèmes vivants, il en est un qui a la priorité à ses yeux : « L’extinction de la diversité des sociétés humaines me paraît plus grave aujourd’hui que le réchauffement climatique. » Dans sa ligne de mire : les invasions migratoires et financières. 

Il existe cependant une autre vision politique du localisme, développée entre autres par Rousseau : pour le philosophe, le localisme est gage d’autarcie, d’indépendance économique et donc de souveraineté pour une nation. Mais les limites géographiques du local sont aussi décisives pour le maintien d’un régime vraiment démocratique : « Le gouvernement démocratique convient aux petits États. […] Plus le lien social s’étend, plus il se relâche. » Cette approche a trouvé un écho dans certains mouvements anarchistes, notamment chez l’essayiste écologiste américain Murray Bookchin (1921-2006), théoricien du « municipalisme libertaire ». Selon lui, les grandes sociétés engendrent inévitablement de grands appareils et donc des formes de domination et de hiérarchie qui rendent impossible l’exercice de la politique. Seul le local permet une démocratie authentique. Cette exigence démocratique est, par ailleurs, intrinsèquement écologique : nous débarrasser de la hiérarchie dans la société est indispensable pour contester la domination de l’homme sur la Terre et les vivants. Cette version du localisme résonne actuellement dans de nombreux milieux écologistes, à Notre-Dame-des-Landes notamment. 

Si elles s’opposent sur bien des points, les deux tendances du localisme ne sont pas pour autant hétérogènes : elles s’hybrident parfois. Existe-t-il un critère qui nous permettrait, dans cette atmosphère de confusion, de distinguer les différentes propositions localistes ? Simone Weil en fournit peut-être un à propos de la notion – tout aussi ambivalente – d’enracinement. Pour la philosophe, s’il est nécessaire, ce dernier doit éviter l’écueil du repli sur soi : « Les échanges d’influences entre milieux très différents ne sont pas moins indispensables que l’enracinement dans l’entourage naturel. »

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