Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Le nouveau président des États-Unis Joe Biden lors de son discours d’investiture au Capitole, à Washington DC, le 20 janvier 2021 © AP Photo/Patrick Semansky, Pool/Sipa

États-Unis

Joe Biden et les “meilleurs anges” des Américains

Jean-Marie Pottier publié le 21 janvier 2021 4 min

Tout le monde ne peut pas trouver, pour son premier discours de président des États-Unis en fonction, une formule aussi immortelle que « la seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même » (Franklin D. Roosevelt en 1933), ou « ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays » (John F. Kennedy en 1961). 

Pour son discours inaugural, Joe Biden n’a pas trop eu recours aux grandes envolées – la citation la plus mise en avant par la plupart des médias américains est d’ailleurs un très sobre « la démocratie a prévalu » (même si, on l’a vu, cela n’a rien eu d’évident). 

En revanche, il a plusieurs fois employé une autre technique récurrente de ce genre d’exercice, l’emprunt aux anciens. En l’occurrence, Abraham Lincoln (1861-1865), dont il réutilise une formule aussi célèbre que riche de sens, « les meilleurs anges de notre nature ».

  • Biden cite au moins à trois reprises son prédécesseur républicain. Une fois nommément, quand il évoque ses mots lors de la signature de la proclamation d’émancipation des esclaves, en 1863 : « Si mon nom doit entrer dans l’histoire, cela sera pour cette loi, et j’y ai mis toute mon âme. » Deux fois de manière plus implicite. L’une, quand il explique parler là où reposent à jamais « ceux qui offrirent le suprême sacrifice », est empruntée au célèbre discours de Gettysburg, prononcé lui aussi en 1863. L’autre, quand il clame que « nos meilleurs anges ont toujours prévalu », a elle été prononcée par Lincoln dans le même contexte que lui, pour son entrée en fonctions.
  • Quand Lincoln arrive à Washington, le 4 mars 1861, le processus qui aboutira à l’éclatement de la guerre civile cinq semaines plus tard est déjà bien enclenché. Le nouveau président a préparé un discours doté d’une chute plutôt ferme, que son futur secrétaire d’État, William Seward, lui suggère de rendre plus conciliant. Il lui remet un texte qui se termine par l’invocation du « guardian angel of the nation », l’« ange gardien de la nation ». Lincoln reprend plusieurs de ses propositions mais modifie légèrement la fin en choisissant de plutôt parler des « better angels of our nature » : 

« Nous ne sommes pas des ennemis mais des amis. Nous ne devons pas être ennemis. Quelle qu’ait été la force avec laquelle la passion les a mis à l’épreuve, elle ne doit pas briser nos liens d’affection. Les accords mystiques du souvenir qui, s’élevant de chaque champ de bataille et de la tombe de chaque patriote vers tous les cœurs et tous les foyers de ce vaste pays, grossiront encore le chœur de l’Union quand ils seront de nouveau touchés, et ils le seront certainement, par les meilleurs anges de notre nature. »

  • L’origine de cette expression, et de son emprunt par Lincoln, n’a jamais été certifiée. Une des théories les plus populaires veut que le président, grand lecteur de Shakespeare, l’aurait empruntée à Othello (1603), dans une scène où Gratiano se réjouit de la mort de son frère Brabantio, le père de Desdémone, inconsolable de l’union de sa fille : « Vivrait-il lors, cette vue lui ferait prendre un tour désespéré / Oui, proscrire son meilleur ange de ses côtés, et choir en réprouvé ».
  • Mais qu’importe son origine, ce passage de « guardian angel » à « better angels » a une signification politique et morale importante, comme l’ont relevé plusieurs biographes et spécialistes de Lincoln. Il réoriente cet appel à l’unité d’un registre impersonnel à un registre « profondément personnel ». D’un registre fortement religieux et « descendant » à (Lincoln entretenait un rapport complexe à la religion) un registre plus laïc et « horizontal ». D’une revendication d’une destinée suprême à un appel à la réflexion où il appartient à chacun de laisser parler ses « meilleurs anges », ses instincts ou ses raisonnements les plus judicieux, au détriment de ses mauvais anges. 
  • Ce qui semble faire écho à un autre passage du discours de Joe Biden où, dans une référence supplémentaire aux années 1860, il appelle à mettre fin à la « guerre incivique » (« uncivil war »). Une guerre nourrie de méfiance et de division en factions, de repli sur soi et ses sources d’information, « qui met face à face républicains et démocrates, campagnes et villes, conservateurs et progressistes ». 
  • Un vaste programme, d’autant qu’il est facile de le payer de mots : il y a une semaine, le leader des républicains à la Chambre des représentants Kevin McCarthy, qui a soutenu jusqu’au bout Trump dans sa volonté d’inverser les résultats de l’élection, appelait lui aussi les dirigeants du Congrès à « convoquer [leurs] meilleurs anges ».
Expresso : les parcours interactifs
Kant et le beau
​Peut-on détester une œuvre comme « La Joconde » ? Les goûts et les couleurs, est-ce que ça se discute ? À travers cet Expresso, partez à la découverte du beau et du jugement du goût avec Kant.

​
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
4 min
Joe Biden fait-il vraiment bouger les lignes ?
Jean-Marie Pottier 16 mars 2021

On le jugeait mou, centriste, éteint. Mais avec son plan de 1 900 milliards de dollars pour relancer une économie sinistrée par le Covid-19,…

Joe Biden fait-il vraiment bouger les lignes ?

Article
7 min
Guillaume Barrera : “Vouloir fuir le chaos en ouvrant les vannes du plus grand des chaos, c’est absurde”
Nicolas Gastineau 12 mai 2021

Le 21 avril, une lettre rédigée par un ancien officier de l’Armée de Terre, Jean-Pierre Fabre-Bernadac, et signée par de nombreux officiers à le…

Guillaume Barrera : “Vouloir fuir le chaos en ouvrant les vannes du plus grand des chaos, c’est absurde”

Article
9 min
Pierre Vesperini : “Les États-Unis sont en proie au spectre de Weimar”
Pierre Vesperini 15 janvier 2021

Complicités avec les forces de l’ordre et avec certains membres du Congrès, menaces à répétition contre les adversaires de Trump, actions en…

Pierre Vesperini : “Les États-Unis sont en proie au spectre de Weimar”

Article
5 min
Joe Biden, l’heure du premier bilan
Jean-Marie Pottier 04 novembre 2021

Le 7 novembre, cela fera un an que Joe Biden est officiellement président des États-Unis. Quel premier bilan peut-on dresser de son mandat, à…

Joe Biden, l’heure du premier bilan

Article
4 min
2_Le serment d’allégeance
Ronald Dworkin 24 septembre 2012

Spécialiste de philosophie du droit, Ronald Dworkin dénoue les liens entre le religieux et le politique qui caractérisent la démocratie américaine. Après un premier volet consacré au créationnisme, il s’intéresse cette fois au serment d…


Article
4 min
“La Guerre civile”, une histoire millénaire
Charles Perragin 11 février 2021

Violence destructrice qui menace les sociétés ou contestation, légitime, de l’ordre établi et des ses injustices : la guerre civile divise…

“La Guerre civile”, une histoire millénaire

Article
3 min
États-Unis / Chine : bilatéralisme inédit ou guerre froide 2.0 ?
Jean-Marie Pottier 02 janvier 2021

Un texte anonyme d’un diplomate américain fait grand bruit au moment où Joe Biden arrive au pouvoir. Il conseille au président américain d’être à…

États-Unis / Chine : bilatéralisme inédit ou guerre froide 2.0 ?

Article
9 min
1_Dieu contre Darwin
Ronald Dworkin 25 septembre 2012

Ronald Dworkin, spécialiste de philosophie du droit, dénoue les liens entre le religieux et le politique qui caractérisent la démocratie américaine. De son article « Trois questions à l’Amérique », paru dans la New York Review of Books,…


À Lire aussi
Kamala Harris, une démocrate disciple de John Dewey ?
Kamala Harris, une démocrate disciple de John Dewey ?
Par Octave Larmagnac-Matheron
décembre 2020
Angélique Del Rey : “Cette pandémie devrait être l’occasion de réfléchir différemment à la santé humaine”
Angélique Del Rey : “Cette pandémie devrait être l’occasion de réfléchir différemment à la santé humaine”
Par Alexandre Lacroix
décembre 2020
Alexis Philonenko, ou la raison à l’épreuve de la guerre
Alexis Philonenko, ou la raison à l’épreuve de la guerre
Par Nicolas Tenaillon
mars 2022
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Joe Biden et les “meilleurs anges” des Américains
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse