Guillaume Martin : “Dans le sport, on peut déployer une violence qui ne s’exprimera pas ailleurs”
Cycliste professionnel arrivé 8e du tour de France 2021, Guillaume Martin est aussi passionné de philosophie, comme il l’a prouvé avec son réjouissant essai Socrate à vélo (Grasset, 2020). Il a dû abandonner le Tour 2022 après avoir été testé positif au Covid. De quoi remettre en question son amour du dépassement, mais aussi répondre sur les questions de l’écologie et de la place des femmes dans le sport.
Vous avez été contraint d’abandonner l’édition 2022 du Tour de France après avoir été testé positif au Covid. Comment vit-on l’échec d’une course qui n’a pas encore débuté ?
Guillaume Martin : C’est très particulier, car je détenais jusqu’à maintenant le record du nombre de jours de course sans abandon. Je crois que cela faisait 350 jours de course que je n’avais pas abandonné, et je n’imaginais pas mettre un terme à cette série ainsi. J’étais en mesure de continuer, je le voulais. Mais on ne m’y a pas autorisé. C’est une forme d’échec étrange, face à laquelle on ne peut rien faire. J’ai fait attention aux gestes barrières, la seule chose que je pouvais maîtriser. Mais il y a toujours une part d’impondérable.
“Il y a toujours un décalage entre les préceptes philosophiques et l’expérience du terrain”
Dans Le Gai Savoir (1882), Nietzsche écrit : “Je connais mieux la vie pour avoir été si souvent sur le point de la perdre, et c’est justement pourquoi je possède plus, en fait de vie, que vous tous !” Pouvez-vous faire de cet échec quelque chose de créateur ?
Il faut, pour Nietzsche, lutter contre le ressentiment, qui est inutile, néfaste, et tâcher de rendre l’échec créateur. Mais j’ai eu du mal à ne pas ressasser cette déconvenue. Je me demande ce qui se serait passé si j’avais été sur le Tour jusqu’au bout. J’ai du mal à me tourner vers le positif, et à voir cette expérience comme quelque chose dont je sortirais grandi. Le surhumain impose de vouloir faire l’expérience de tels moments difficiles, mais dans les faits, ce n’est pas facile. Je pense qu’il y a toujours un décalage entre les préceptes philosophiques et l’expérience du terrain. Mais en même temps, la philosophie n’est pas un livre de recettes ou de développement personnel. Ce serait trop facile. Elle est peut-être davantage une attitude vers laquelle il faut tendre, une manière d’envisager le monde.
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